Françoise Héritier – Scientifique unique en son genre

Le 15 novembre 2017, jour de son anniversaire – peut-être n’est-ce-pas fortuit ? – disparaissait, à la suite d’une maladie auto-immune rare qui la faisait souffrir depuis ses cinquante ans, Françoise Héritier, figure unique de la recherche en sciences humaines et du féminisme. À la fois anthropologue, ethnologue et féministe, Françoise Héritier naît à Veauche dans la Loire le 15 novembre 1933. Seule femme professeure honoraire d’une chaire d’anthropologie au Collège de France où elle succède à Claude Lévi-Strauss, elle ouvrira les sciences humaines et sociales à l’étude approfondie des rapports femmes/hommes, en particulier la domination masculine, les systèmes de parenté, la prohibition de l’inceste et la violence. Les sources d’une vocation De son enfance au sein d’une petite bourgeoisie provinciale aux origines paysannes, Françoise Héritier s’imprègne de la proximité avec les coutumes familiales et les liens entre les êtres au sein d’un microcosme villageois. « Dès l’enfance, j’avais le désir de comprendre comment les choses fonctionnaient, pourquoi le monde était ainsi. […] Mon intérêt pour les questions éthnologiques et notamment pour mes études sur la parenté me viennent aussi peut-être des conversations de mes deux grand-mères qui discutaient beaucoup entre elles des histoires de leur voisins et notamment de leur rapports de […]

#cultureduviol #MeToo – Gauguin, l’art et la manière

Alors qu’un débat est mené en France pour fixer l’âge en dessous duquel une relation sexuelle ne peut être juridiquement considérée comme consentie, s’ouvre à Paris l’exposition « Gauguin l’alchimiste » dont les « compagnes » avaient 13 ans. Meurtrière concomitance… Si parlementaires, associations et institutions échangent actuellement pour s’accorder sur le bon âge (entre 13 et 15 ans) des relations sexuelles consenties, personne n’oserait accepter, banaliser une relation sexuelle libre et éclairée entre un majeur de plus de 40 ans et une mineure de moins de 13 ans, sauf dans le cas de… Paul Gauguin. Ainsi la scénographie, les textes et légendes de l’exposition « Gauguin l’alchimiste » font l’impasse sur deux détails visiblement sans grand intérêt pour le grand public et le commissariat de l’exposition au regard du « génie » de l’artiste. Le premier : l’artiste dispose à sa guise physiquement et sexuellement d’enfants de 13 ans comme on utilise des objets sans âme et sans valeur. Le second : l’artiste développe un discours postcolonial empreint d’un racisme décomplexé. Quand la réalité est mystifiée par l’histoire de l’art Ecoeurante expérience que de se mêler à la foule de cette exposition et d’entendre des spectateurs et spectatrices s’extasier […]

Leïla Slimani : « La société ne peut que s’ouvrir si elle s’affranchit du carcan du patriarcat »

Leïla Slimani, née au Maroc, lauréate en 2016 du Prix Goncourt avec Chanson douce, donne cet automne dans son nouveau livre la parole à des femmes marocaines qui témoignent de leur sexualité sans tabou. Dans une société où le poids des traditions, des interdits et des mensonges infligent une souffrance quotidienne aux femmes. Un ouvrage courageux qui, sans fioriture, révèle les démons d’un pays où la parole des femmes est rarement entendue. Entretien. Comment avez-vous eu l’idée de ce livre témoignage ? Avant d’être romancière, j’étais journaliste et je réalisais des reportages essentiellement au Maghreb sur des sujets de société, particulièrement sur la situation des femmes et des jeunes. Il m’était rapporté une souffrance due à un manque de liberté, de travail, mais aussi ce sentiment de ne pouvoir vivre librement les relations entre femmes et hommes. Les plus jeunes se plaignaient de ne pouvoir avoir d’espaces pour se rencontrer, « ne serait-ce que cela » disaient-ils, considérant déjà qu’aller plus loin relevait de l’impossible. En 2011, quand les « révolutions arabes » sont apparues, la présence massive des femmes dans les manifestations, les violences sur la place Tahrir en Égypte, les harcèlements et les viols en Tunisie m’ont conduite à faire un sujet sur […]

Alexandra Kollontaï, l’amour-camaraderie

Qui connaît aujourd’hui le nom de la première femme de l’histoire contemporaine à avoir été membre d’un gouvernement et première ambassadrice dans un pays étranger ? Alexandra Kollontaï, issue d’une famille aristocratique de Saint-Pétersbourg, féministe, est l’une des plus ardentes artisanes de la Révolution de 1917. Fille d’un général russe d’origine ukrainienne et d’une mère finlandaise d’origine paysanne, la famille de noblesse terrienne dans laquelle grandit Alexandra Kollontaï formule des dissensions avec le tsarisme, exprimant ses attentes pour des droits politiques de la bourgeoisie. Naissance d’une révolutionnaire De ce milieu aristocratique et libéral, Alexandra gardera cette volonté de rupture avec l’ordre établi même si, dans la Russie de la fin du XIXe siècle, la femme reste reléguée au domaine domestique. Alexandra est vouée à devenir la représentante de la position sociale de sa famille. Rebelle à cette destinée, elle va à l’encontre des normes sociales de l’époque en épousant par amour Vladimir Kollontaï, certes son cousin. Très vite prisonnière de sa vie d’épouse et de mère, elle se rapproche des cercles révolutionnaires qui l’aident à lier sa lutte de femme à celle des ouvier.ère.s. Bientôt, elle se sépare de son mari. En 1898, elle voyage en Europe afin d’approfondir ses connaissances du marxisme et […]

Laura Georges : « Le foot permet de se libérer »

Joueuse au sommet de son art qui aura fait partie de cette sélection de l’équipe de France qui sort le foot féminin de l’ombre, Laura Georges vient d’intégrer le comité exécutif de la Fédération française de football. Au poste de secrétaire générale, elle encourage les féminines à ouvrir la voie aux nouvelles générations. Entretien. Qui êtes-vous Laura Georges ? J’ai débuté le football à l’âge de douze ans par passion. De fil en aiguille, j’ai eu des opportunités. Sélectionnée dans ma région, je suis entrée au centre de formation de Clairefontaine, à l’époque seul centre de formation pour les féminines. Puis j’ai intégré l’équipe de France, j’avais dix-sept ans. Ont suivi des compétitions, j’ai beaucoup voyagé et fait des études à l’étranger au Boston College avant d’intégrer l’Olympique lyonnais, club avec lequel j’ai gagné des titres. Aujourd’hui, en fin de carrière, je suis de retour au Paris-Saint-Germain, mon premier club. Je lui dois énormément. Pratiquer ce sport a été important pour vous afin de vous affirmer en tant que femme ? Le football est une passion, je n’ai jamais eu la volonté de prouver qu’une femme pouvait s’imposer dans un sport dit « masculin ». J’ai grandi avec des parents qui ne m’ont jamais montré […]

Accès aux soins des femmes en situation de précarité : urgence absolue

Geneviève Couraud préside la Commission Santé, droits sexuels et reproductifs au sein du Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes. Elle nous présente la démarche et les réalités accablantes révélées par le rapport « Santé et accès aux soins : une urgence pour les femmes en situation de précarité » dont elle est co-rapporteure. Dès le début de nos travaux s’est imposée la nécessité d’en préciser le cadre. Nous avons tout d’abord pris comme critère la définition de la santé de l’OMS : « État complet de bien-être physique, mental et social. » Puis, nous avons considéré l’ensemble du parcours de vie des femmes et non pas seulement, comme c’est souvent le cas, leur rôle de reproductrices au travers des questions de gynécologie et du suivi obstétrique. Enfin, nous avons été attentif.ve.s à l’intersection d’inégalités liées au sexe et aux difficultés économiques et sociales : les inégalités entre les femmes en situation de précarité et les plus aisées s’ajoutant aux inégalités entre les femmes et les hommes. L’état de santé des femmes en situation de précarité présente des spécificités liées à leurs conditions de vie, leur rapport à la prévention et leurs conditions de travail. À cet égard, nous avons déterminé en […]

Violences, se réapproprier son corps par le sport

Laurence Fischer est une karatéka, triple championne du monde. Son atout : sa force mentale. Sa passion : transmettre cette force aux femmes. Elle a fondé il y a quelques mois une ONG, Fight for dignity, qui oeuvre notamment en RDC. Entretien. Comment es-tu venue au karaté ? À l’adolescence, je n’avais pas une très grande confiance en moi. Je n’aimais pas mon corps. Le regard de l’autre me gênait. Au fond, je ne m’aimais pas. J’étais grande, on m’appelait la « gigue ». Petite, je rêvais de faire de la danse, mais on me disait non parce que j’avais une scoliose, ou encore du théâtre mais je ne correspondais pas à certains critères esthétiques. C’est là que j’ai commencé à faire du karaté, la passion de mon père que je ne voulais pourtant pas suivre. Et cette décision a changé ta vie ? La pratique de ce sport m’a permis de me révéler, cela m’a donné confiance en moi, je me suis rendu compte que mon corps était une force. J’avais envie d’apprendre, de comprendre, encore aujourd’hui cela fait partie de mon moteur de vie. Les gens qui pratiquaient avec moi m’envoyaient des ondes hyper positives. J’étais bien dans cette […]

Élise Thiébaut : « Et si on changeait les règles ? »

Journaliste et féministe, Élise Thiébaut a fait partie des seize millions de femmes en âge d’avoir leurs règles en France… Elle écrit un ouvrage sur les règles alors qu’elle est ménopausée. Ce qui l’amène aussi à constater que « comme le silence qui suit du Mozart, celui qui entoure la ménopause est encore marqué par le tabou qui l’a précédé ». Entretien. Comment est né cet ouvrage, Ceci est mon sang ? J’ai écrit en pensant à partir de ma propre histoire. J’ai longtemps eu l’envie d’écrire sur les origines de la domination patriarcale. Comment les femmes se sont-elles laissé soumettre ? J’ai beaucoup écrit sans que ce soit publié, à partir de choses que j’ai traversées. J’ai connu l’expérience de l’infertilité, la maltraitance médicale à l’égard des femmes tout au long de ma vie. Quand j’ai atteint la ménopause, cette pression s’est allégée et tout s’est agrégé. Je me suis rendu compte que peu de données existent sur la santé féminine et le système de reproduction. On ne sait pas ce qui se passe dans notre corps. On en sait plus sur le sperme que sur l’ovocyte. Le tabou des règles concerne toute l’humanité. Loin d’être la fabrique à déchets, c’est un perpétuel […]

Rayhana : « À mon âge, je me cache encore pour fumer »

Créée en 2009 à la Maison des métallos à Paris, puis présentée en tournée en France jusqu’à ce jour, la pièce de Rayhana, dramaturge et comédienne, sort aujourd’hui sur grand écran, sous sa direction. Une adaptation qu’elle mène avec détermination. Une première réalisation salutaire. Entretien. Pouvez-vous nous dire comment s’est fait le passage des planches au cinéma ? Lorsque ma pièce de théâtre fut jouée à Paris, la productrice Michèle Ray-Gavras et le réalisateur Costa-Gavras étaient venus. Ils m’attendaient à la fin de la représentation. Tout de suite, la productrice m’a proposé que cette pièce devienne un film. Elle m’en donnait le courage, moi qui n’avais jamais réalisé, mais pour elle c’était moi qui devait le faire. « Cette histoire doit être portée au cinéma », disait-elle avec insistance. Il aura fallu plus de trois ans pour que le film naisse. Je n’avais pas la technique mais l’adaptation, la réécriture ne m’ont pas posé de difficultés. Mais si la pièce de théâtre était en français, je tenais à ce que le film soit en langue arabe. Je voulais restituer cette oralité de l’arabe dialectal populaire. Comment retrouver au cinéma l’authenticité de la parole si forte dans votre pièce de théâtre ? Le film, comme […]

Flavie Flament : « J’ai voulu faire connaître le sentiment de solitude et d’abandon qui étreint des victimes de viol dont les faits sont prescrits »

Quelle a été votre réaction lorsque Madame la ministre, Laurence Rossignol, vous a confié le pilotage avec Monsieur Jacques Calmettes de la mission de consensus sur le délai de prescription applicable aux crimes sexuels commis sur les mineur.e.s ? Honorée, j’y ai surtout immédiatement vu une formidable occasion de faire entendre la voix des victimes dans un débat qui les concerne en premier lieu et dont elles sont injustement tenues à l’écart. Après m’être assurée qu’elles auraient une place « d’expertes » au même titre que les législateurs ou les psychiatres, je n’ai pas hésité une seconde. Comment le travail de la mission s’est-il organisé ? L’équipe de la mission s’est constituée avec notamment le concours précieux d’Elisabeth Moiraud-Bron, secrétaire générale de la MIPROF. Nous avons organisé une série de tables rondes que nous tenions à décloisonner. Bien souvent, ceux qui ont un avis sur cette question ne se fréquentent pas. Nous les avons mis en présence pour une meilleure écoute. Ainsi, une victime pouvait débattre avec le législateur, un neurologue exposer ses derniers travaux à un magistrat. C’est passionnant, émouvant, déstabilisant. À l’issue de toutes ces auditions, l’équipe de la mission s’est réunie pour s’entendre et établir une liste de recommandations. […]

« Je suis venue du mouvement associatif pour faire de la politique »

Dernière rencontre politique de notre magazine dans cette période d’élection présidentielle. Nous redécouvrons Michèle Rivasi, députée européenne, activiste écolo-féministe au courage sans faille. Ni les secrets d’Etat, ni les promesses de carrière, ni les pressions politiques, n’ont jamais réussi à étancher sa soif d’un monde plus sûr et plus juste. Entre accent de révolte et accent du sud, entretien cash. Quel regard portez-vous sur votre parcours ? Vous auriez pu mener la vie plus calme d’une agrégée de sciences naturelles, il en a été autrement. J’étais professeure à l’IUFM de Valence. Et puis il y a eu Tchernobyl, le 26 avril 1986, son nuage et son mensonge d’État. Il a énormément plu les jours suivants. J’habite une maison à la campagne où l’on dépend beaucoup de l’eau de pluie. J’avais un jardin potager et de jeunes enfants, entre 8 et 10 ans. Quand j’ai fait des prélèvements pour savoir exactement ce qu’il en était, l’eau était bourrée de produits radioactifs. Tchernobyl a été un véritable choc qui a bouleversé votre vie ? Oui, cela a bouleversé ma vie. J’avais alors deux options : soit je gardais l’information pour moi et je protégeais mes enfants, ma famille, soit je dénonçais le mensonge d’État en cours, ce que j’ai fait lors d’une conférence de presse qui a tout déclenché. Je suis retournée à l’université où je travaille pour […]

Réacs, extrémistes : les ennemi.e.s de mes ennemi.e.s sont mes ami.e.s

Si les fondamentalistes religieux et les extrémistes politiques s’opposent régulièrement, ils sont réunis par une détestation des mêmes groupes : les juifs.juives, les homosexuel.le.s et les féministes. Cas pratique autour des manifestations contre la loi sur le mariage pour tous avec Fabrice Teicher, historien. Comment avez-vous été amené à travailler la convergence entre les mouvements d’extrême droite et les fondamentalistes religieux ? Dans le cadre de mon travail de formateur, j’ai eu l’occasion de rencontrer Natacha Chetcuti-Osorovitz, sociologue spécialisée sur les études de genre. Nous nous sommes aperçu lors des manifestations d’opposition à la loi sur le mariage pour tous que l’on travaillait sur les mêmes acteurs, mais pas du tout avec les mêmes angles d’approche ! Pour autant, la convergence de ces groupes n’est pas un phénomène récent : cela fait plus de vingt ans qu’elle existe. Je préparais ma maîtrise d’histoire sur l’affaire Garaudy et le négationnisme, déjà à l’époque les journalistes étaient surpris de voir côte à côte des skinheads au crâne rasé et des militants pro-palestiniens. Qu’est-ce qui les rassemble ? Les mouvements qui sont aujourd’hui en convergence sont parfois assez opposés, entre extrême droite, ultra gauche, catholiques ou musulmans fondamentalistes. Ce qui les réunit c’est la détestation d’ennemis communs dans une vision complotiste : les homosexuel.le.s et les juifs dont le pouvoir est supposé et les féministes qui voudraient détruire culturellement, socialement et politiquement leurs familles […]

Chantal Jouanno – Laïcité sa posture, égalité son combat

Plutôt Juppé que Fillon, plutôt centre que droite, Chantal Jouanno n’en a pas moins pris part aux débats des primaires de droite, assumant son soutien au maire de Bordeaux au moment du face à face final. Présidente de la délégation Droits des femmes du Sénat1, elle incarne un féminisme pragmatique que cette karatéka énarque expose avec raison dans deux rapports publiés récemment. Rencontre. Quel regard portez-vous sur votre parcours, êtes-vous étonnée ? Je ne regarde pas vraiment en arrière, mais je dirais que c’est un parcours improbable, un heureux concours de circonstances. Je suis incapable de me projeter dans l’avenir et de faire des plans en n’ayant jamais peur de passer d’un statut à un autre, au risque de rompre complètement avec une vie antérieure, mais jamais par calcul ou par souci d’organisation. Cependant, votre formation est celle de beaucoup de personnes en politique ? Oui, mais je me suis formée à tout. J’ai un BTS de commerce international, une maîtrise d’administration économique et sociale, puis j’ai fait Sciences Po et l’ENA parce que je voulais travailler dans le plus pur ministère régalien de l’État, le ministère de l’Intérieur où j’ai commencé. Ce n’était pas pour faire de la politique. J’ai été très contente d’être sous-préfète […]

Flavie Flament – La parole libérée

Flavie Flament, animatrice de télévision et radio, est l’auteure d’un livre, La consolation, dans lequel elle explique avoir été violée à 13  ans par un photographe célèbre, dont elle ne dévoile pas immédiatement l’identité. Ce livre, « je le dédie à toutes les victimes qui se taisent, dans la solitude absolue », dit-elle. C’est en 2009 au décès de son grand-père, rare figure familiale bienveillante, que surgissent des images enfouies, comme si Flavie Flament se trouvait soudain seule au monde, sans protection. Elle ressent de l’angoisse, de l’effroi, « ma tête est une maison ouverte à tous les vents », explique-t-elle. Elle a des malaises, doit s’allonger fréquemment, « des maux, mais pas de mots », elle pressent « l’existence de souvenirs sans savoir d’où ils viennent ». Seul un professionnel, un psychiatre, peut l’aider à démêler cet écheveau en l’accompagnant dans une longue descente en elle-même. Voyage au centre de la mémoire Les souvenirs reviennent, trente ans après, avec une grande intensité, mémoire psychique, mémoire du corps. Elle se souvient de cet homme d’une cinquantaine d’années qui l’avait repérée au Cap d’Agde, sur la plage. Il la voulait pour modèle, sa mère était flattée. Quand il la dénude et lui fait prendre des poses lascives, elle n’a pas […]

Laurence la féministe face à la ministre Rossignol

Est-ce la féministe en elle qui a cultivé une certaine effronterie que l’on n’attend pas d’une ministre ou son irrévérence naturelle qui la poussa jadis dans les bras musclés du MLF ? L’histoire ne le dit pas. Après deux années dans les rangs du gouvernement dont une en tant que ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, Laurence Rossignol reste cash. Juste une thermos de thé entre nous… Entretien. Quel regard portez-vous sur votre parcours ? Vous êtes féministe mais toutes les féministes ne seront pas ministre des Droits des femmes ? Je n’avais jamais réellement envisagé d’être ministre des Droits des femmes. Cela me paraissait assez irréaliste. Je n’ai pas travaillé pour être ministre des droits des femmes. Cependant, tout ce que j’ai fait dans ma vie politique et militante, je l’ai fait en féministe. Le féminisme n’a jamais été un secteur de l’activité politique, mais une grille de lecture qui s’applique à tout ce que j’accompli. Je me suis occupée très longtemps de la question des droits des femmes au PS, mais j’ai eu aussi d’autres responsabilités que j’ai assumées en féministe. La question de l’égalité femmes-hommes transcende toutes les autres questions. Dans un premier […]

Femmes de la Commune

Au petit matin du 18 mars 1871, la butte Montmartre à Paris est en effervescence. Les soldats de Thiers sont là ! Ils tentent de s’emparer des canons que les parisiens ont achetés par souscription populaire pour défendre la capitale contre les armées prussiennes. Le peuple de Paris refuse ces conditions. Il veut se battre. Aux avant-postes se trouvent les femmes. Dès le premier jour de l’insurrection, les femmes de Montmartre, tôt levées, sont alertées par le bruit des militaires. Elles entourent les canons, les protègent, interpellent les soldats : « C’est indigne ce que vous faites là… » Lissagaray, auteur en 1873 d’une Histoire de la Commune, rend compte de l’attitude des femmes, il écrit : « Elles n’attendent pas les hommes, elles ont eu double ration de misère. » Des groupes arrivent de tous côtés sur la Butte. Par trois fois leur général, Claude Lecomte, leur donne l’ordre de tirer. Le sergent Verdaguer, qui sera fusillé par les Versaillais après la Commune, lève le premier sa crosse en l’air. Il est imité immédiatement par l’ensemble des hommes. Le général Lecomte est arrêté par ses propres troupes. Un autre général, Clément Thomas, bien connu des Parisiens pour avoir réprimé la révolte de […]

« Nous sommes dans le déni d’un droit fondamental qui empêche l’accès à tous les autres droits »

Les féministes ont agi pendant des décennies pour obtenir de nouveaux droits pour les femmes. Une question est passée à travers toutes les revendications et les avancées : des millions de femmes naissent, vivent et demeurent sans papiers d’état civil donc sans espoir d’autonomie et d’émancipation. Rencontre avec Michèle Vianès qui, depuis plusieurs années, a fait de cette question la pierre angulaire de son combat féministe. Comment vous êtes-vous intéressée à cette question ? Lors d’une rencontre à la Commission sur le statut des femmes à l’Onu avec le ministère des Affaires étrangères et notamment avec Cécile Sportis, une question a été posée sur la non-déclaration des enfants dans le monde. J’ai inscrit ceci dans un coin de ma tête et puis à mon retour je l’ai étudié de plus près et notamment une étude de l’Unicef sortie en 2013. J’y ai appris qu’une des grandes injustices pour beaucoup de femmes dans le monde est qu’elles ne peuvent pas déclarer la naissance de leur enfant. Parallèlement, lors de déplacements que j’ai faits en Amérique centrale sur les violences envers les femmes, j’ai rencontré des femmes du Costa Rica qui disaient que, dans leur pays, depuis qu’une loi contraignait les pères à reconnaître […]

Place aux super-héroïnes !

Les super-héros sont dans l’air du temps : les films sur Iron Man, Batman ou les Avengers se succèdent et une exposition Marvel se tient jusqu’au 25 septembre à La Défense à Paris. Les films, comme l’exposition, touchent un public très large et pourtant une question subsiste : où sont les femmes ? Depuis 2008, les super-héros ont reconquis les salles de cinéma : au moment où nous publions, il y a eu en tout seize films de super-héros en huit ans, tous issus des maisons de production Marvel ou DC Comics. Ces films avaient tous un point commun : le personnage principal était un homme. Marginalement, un personnage féminin était inséré dans une équipe masculine. Pourquoi de telles disparités ? Un profil idéal Dans une époque marquée par les affrontements en tous genres, nous avons soif de figures à admirer et les super-héros ont le profil idéal. Typiquement, un super-héros a été profondément marqué par un drame : l’assassinat de ses parents (Batman), la destruction de sa planète d’origine (Superman), un kidnapping dans l’enfance (la Veuve noire) ou une modification de son corps par une substance : Spiderman, Hulk, la Sorcière rouge, Daredevil… Une profonde évolution de la vie du héros vient de […]