Égalité femmes-hommes, grande cause du quinquennat : vraiment ?

Le 25 novembre 2017, le Président de la République déclarait l’égalité entre les femmes et les hommes grande cause de son quinquennat. Nous sommes maintenant à l’heure du bilan de sa présidence et le résultat n’est pas à la hauteur des espoirs et des attentes suscités par cette déclaration. Il ne serait pas honnête d’affirmer qu’il n’y a eu aucun progrès, que rien ne s’est passé ou a progressé. D’ailleurs, l’Institut européen pour l’égalité entre les femmes et les hommes (EIGE) le montre à travers son index publié régulièrement et qui synthétise les évolutions dans les principaux aspects de la société : entre 2017 et 2021, l’index de la France est passé de 72,6 à 75,5 ; un progrès donc mais de seulement 4 %…, un bon résumé de cette « grande cause ».

L’un des domaines où de réelles avancées auraient pu se manifester, tout en ayant une vraie dimension symbolique et pédagogique, est celui de nos institutions démocratiques. Le plus jeune président de la Ve République, moderne et égalitaire, aurait pu choisir de nommer une femme à la tête du gouvernement, il a préféré par deux fois choisir un homme. De la même manière, les député.e.s du parti présidentiel, grâce auquel la féminisation de l’hémicycle s’est effectivement accrue, auraient pu élire la première femme présidente de l’Assemblée nationale puisqu’elles et ils y étaient largement majoritaires, occasion manquée par deux fois pendant leur mandature.

Un milliard toujours demandé

La lutte contre les violences sexuelles et sexistes, « premier pilier de la grande cause », a été souvent mise en avant durant le quinquennat à travers, par exemple, le Grenelle de lutte contre les violences en 2019 ou le soutien affirmé au niveau international à la Convention d’Istanbul ; des places supplémentaires d’hébergement ont été ouvertes, des bracelets anti-rapprochement ont été fournis en plus grand nombre, le 3919 est désormais joignable 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Tout cela reste bien insuffisant face aux besoins nombreux : des logements pour les femmes victimes et leurs enfants, des formations à ces violences spécifiques pour les fonctionnaires, notamment dans la police ou la gendarmerie, des moyens pour que la justice soit rendue correctement et dans des délais raisonnables. Les associations réclament toujours un budget d’un milliard d’euros qui permettrait de changer les choses en profondeur.

Le plus petit budget

Car ce sont les moyens financiers qui ont par-dessus tout manqué à cette grande cause du quinquennat, dans tous les domaines. À commencer par le budget du ministère chargé de l’Égalité entre les femmes et les hommes, qui reste le plus petit du gouvernement. Comment réformer, financer des projets ou des campagnes sans argent ? Il n’est pas possible de compter uniquement sur la bonne volonté et l’engagement de personnes convaincues dans l’administration. Le gouvernement aurait pu, par exemple, lancer un signal fort à l’occasion du plan de relance de juin 2020, il a fait tout le contraire : sur les 35 milliards d’euros alloués, seuls 7 étaient destinés à des secteurs où les emplois sont majoritairement occupés par des femmes, souvent peu rémunérées par rapport à ce qu’elles apportent à notre pays, la crise sanitaire nous l’a montré.

Les discours et les engagements politiques en faveur de l’égalité sont bien sûr nécessaires mais ce sont les actes et les réalisations qui comptent vraiment. À méditer avant d’aller déposer son bulletin dans l’urne.

Gwendoline Lefebvre

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