Vivienne Westwood – Punk is not dead

Pour sa collection Printemps-été 2009, à la stupéfaction générale tant la rencontre des deux femmes aurait pu paraître incongrue, l’égérie de la styliste Vivienne Westwood fut Pamela Anderson défilant en Westwood avec fierté. Une frasque originale de plus pour celle que l’on désigne comme « l’enfant terrible de la mode » à l’instar de son cadet le styliste français Jean-Paul Gaultier ? Pas le moins du monde, les deux femmes ont un ami en commun : Paul Watson, un des créateurs de Greenpeace et protecteur des océans, et deux causes au moins à défendre ensemble avec la même radicalité, celle de l’arrêt de l’utilisation de la fourrure dans la mode et celle de la défense de la planète. Les dernières décennies ont trouvé Vivienne Westwood dans toutes les causes contre la mondialisation et l’appauvrissement des ressources naturelles : soutien à Julian Assange, aux côtés de Greta Thunberg ou encore de l’ONG Sea Shepherd Conservation Society pour le respect des océans et de leur biodiversité, contre la pêche intensive. Comme si la radicalité, née dans les mouvances punks des années 70, trouvait un chemin naturel vers l’écologie radicale et la lutte contre l’ultralibéralisme.

Vivienne Westwood est née en 1941, dans le Derbyshire en Grande-Bretagne, d’une famille modeste dont elle est l’aînée des trois enfants. Alors qu’elle commence une carrière d’enseignante après des études de mode et de design, elle rencontre Malcolm McLaren, le manager des Sex Pistols, groupe punk qui commence à se faire connaître plus par ses provocations que par sa musique. Westwood qui depuis toujours est attirée par la mode excentrique va leur donner un style, une mode qui va devenir la mode punk.

En 1971, elle s’installe avec McLaren au 430 Kings Road à Londres où elle ouvre un magasin qui changera de nom et de style au gré des créations jusqu’à s’appeler Sex dans les années Sex Pistols. En 1977, le groupe connaît un succès important avec un titre antiroyaliste qui va faire la une des journaux : God save the Queen. Le titre perçu à l’époque comme une chanson contre la reine crée le scandale. Il s’agit selon le groupe d’une chanson contre le système plus que contre la personne. Et Westwood va donner une identité graphique à la chanson, un logo au groupe à travers une de ses premières créations : un tee-shirt à manches longues représentant la reine dont la bouche est barrée d’une épingle a nourrice. La légende est née. Le tee-shirt se vend et s’imprime encore aujourd’hui. La pochette du disque, quant à elle, affiche le portrait officiel de la reine dont le regard est barré d’un God save the Queen en lettres d’imprimerie, découpées comme si le message était anonyme. La légende dit que les imprimeurs de la pochette auraient cessé le travail pour ne pas manquer de respect à Elizabeth II. Quant à l’intéressée, elle a su garder le recul nécessaire avec les artistes et ne lui en voulut pas le moins du monde puisqu’en 1992 elle décora personnellement Vivienne Westwood de l’Ordre de l’Empire britannique pour l’ensemble de ses créations.

En 1981, elle présente sa première collection solo à Londres. Elle ne va cesser de se renouveler dans des styles parfois glamour puis rebelle mais toujours punk. Elle se fera aussi connaître pour ses chapeaux chez Prudence Millinery pour qui elle travaille à partir de 1991.

Elle est morte dans sa résidence de Clapham au sud de Londres à l’âge de quatre-vingt-un ans. Des cheveux teints au henné au blanc immaculé naturel des dernières années, coupe crêpée, lissée ou crâne rasé… Jusque dans la vieillesse, Vivienne Westwood est restée irrévérencieuse et radicale, écolopunkanimaliste…

Carine Delahaie

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