« Ensemble, nos voix sont plus fortes que le silence ! »

Le Mouvement des survivantes de viols et violences sexuelles en République démocratique du Congo a été créé en 2017 à Bukavu. Cette organisation compte aujourd’hui plus de 2000 femmes et 58 hommes sur le plan national. Son objectif principal est d’amener toutes les femmes et tous les hommes à briser le silence. Rencontre avec Tatiana Mukanire, coordinatrice nationale du Mouvement des survivant.e.s de viols et violences sexuelles. Pourquoi avoir créé ce mouvement de femmes ? Pendant trop longtemps, les survivantes ont été oubliées. On parlait en leur nom. Les gens disaient : « Vous parlez des survivantes, mais où sont-elles ? Elles ne parlent pas ? Existent–elles ? » Mais le problème était que les survivantes elles-mêmes n’arrivaient pas à parler. Il était important qu’elles puissent se prendre en charge, comprendre que ce qui leur était arrivé était bien cette réalité qui les poursuit au quotidien. Pendant un moment, il se disait dans le pays que les violences sexuelles étaient héréditaires puisque souvent les grands-mères, les mères et même les filles d’une même famille étaient violées. Il est donc important de briser ce silence. Notre défi est d’amener la personne à combattre ces violences. Les survivantes ne parlent pas car […]

Le rock comme fil d’Ariane

Sophie Rosemont est entrée dans le monde du rock comme autrice pour Le nouveau dictionnaire du rock de Michka Assayas. Journaliste pour Rolling stone, Les Inrocks ou Paris-Match, elle chronique aussi sur France culture pour « La dispute ». Elle signe Girls rock, un ouvrage à la playlist entièrement au féminin… Bonjour Sophie Rosemont, une question avant toutes les autres : qu’est-ce que le rock ? Une posture ou un genre musical ? Peut-être les deux ? Vous citez Dolly Parton ou Aretha Franklin dans ce livre comme des rockeuses, étonnant ? J’ai justement essayé d’éviter la posture. Ce n’est pas un dictionnaire, mais plutôt un ouvrage sélectif. Dans ce livre, je choisis qui je veux. Une Dolly Parton sur le plan musical a des côtés rock. Par certains arrangements, sur certains morceaux et des intonations de voix. En fait la Country, c’est avant tout de la guitare. Et au fond le rock, c’est quoi ? De l’audace, une musique de contestation. Au même titre que le hip hop. Tout le monde pense à une guitare électrique quand il pense rock. Mais pas seulement, une guitare sèche, un piano peut être rock ! D’où le choix de parler de Véronique […]

Sport féminin : les Français.e.s en veulent plus

Pour la première fois, la France va accueillir une Coupe du monde féminine de football en juin prochain. Le succès populaire est attendu, tout comme les exploits des coéquipières d’Amandine Henry. Et après ? Cet événement majeur pourra-t-il participer à augmenter la visibilité du sport pratiqué par des femmes ? On le répète souvent : pour exister sur le plan médiatique, les athlètes féminines sont condamnées à enchaîner les exploits. Le sport pratiqué par des femmes ne représente que 17 % de l’offre sportive globale. Alors, seules les prouesses sont les bienvenues. Un contexte qui colle une sacrée pression aux Bleues. Au-delà de leur parcours sur ce Mondial, le développement de leur discipline pèse sur leurs épaules. Sandrine Dusang, ex-internationale tricolore et journaliste pour le site spécialisé Foot d’Elles, donne son avis sur la question : « Je ne crois pas que le football pratiqué par des femmes sombrera dans l’anonymat si les Françaises venaient à échouer, considère-t-elle. Plutôt que l’on retombera dans quelque chose de plus lisse. Les performances des Lyonnaises et des Parisiennes sur la scène européenne permettront de conserver une certaine attractivité autour du football au féminin. » Pour l’ancienne défenseuse centrale, l’enjeu est de pouvoir transformer l’essai, passée […]

GPA, éthique ou marchandisation ? La pomme de discorde

Gestation pour autrui ? Ce que l’on prend, ce que l’on donne La GPA est une question très ancienne. Déjà Abraham, patriarche des trois religions monothéistes, se lamente de ne pas pouvoir concevoir d’enfant avec son épouse Sarah. Elle propose alors à Abraham de faire un enfant avec sa servante Agar, qui donne naissance à Ismaël. Une grossesse pour Abraham, pour qu’il ait un enfant, est rendue possible seulement parce qu’il dispose du pouvoir symbolique et financier d’obtenir cet enfant. Le consentement de la servante Agar est-il possible ? Marie ne porta-t-elle pas l’enfant pour Dieu, pour les « Hommes », sans même donner son avis, inscrivant de fait la gestation pour autrui dans notre inconscient collectif comme une possibilité. L’histoire se décline à travers les siècles avec plus ou moins de mystère. Comment devenir parent quand on ne peut pas faire un enfant ? Pour des raisons économiques, notamment liées à l’héritage, sociales ou affectives, avoir (ou pas) une descendance cristallise des enjeux intemporels. La gestation pour autrui, ou GPA, n’est pas un phénomène récent, sa dénomination l’est. Un enfant d’une famille nombreuse donné en adoption à un frère ou une soeur adulte sans enfant, comme dans le film Intouchables*, n’est-ce pas une […]

Femmes, être, vivre, en mouvement

En Saône-et-Loire, dans une région fragilisée par la désindustrialisation, le mouvement Gilets jaunes est venu s’imposer comme une alternative crédible, nourrie par un instinct de survie face à une situation d’inertie meurtrière de plusieurs décennies. Rencontre avec ces femmes Gilets jaunes. Alors que Paris est marquée depuis douze semaines par les violences de part et d’autre et que chaque samedi tombe comme un couperet dans la vie de la capitale, nous décidons de partir à la rencontre des femmes gilets jaunes autour de Montceau-les-Mines. Ici, le beau temps s’est arrêté avec la fermeture des mines. Elle fut suivie de près par celle des grandes fabriques, signant la fin d’un des bassins d’emplois parmi les plus importants de la région. À la rencontre de ces femmes Evelyne Rogowicz, militante de l’association Femmes solidaires, veut nous faire rencontrer ces femmes dont tous les médias parlent sans vraiment les écouter. Evelyne n’est pas directement engagée dans le mouvement Gilets jaunes, mais tout ce qui constitue le quotidien de ces femmes la concerne, lui renvoie une réalité proche de la sienne. La vie est dure, mais il faut se battre chaque jour pour qu’un autre avenir puisse exister. Il est 14h lorsque nous arrivons au […]

Danser Pina

Durant près de quarante ans, Pina Bausch, créatrice ardente et délicate a uni, réuni, des publics et surtout des danseurs et danseuses ; vingt-quatre d’entre eux témoignent dans ce très beau livre Danser Pina. Sa chorégraphie ondoyante dans le film d’Almodovar Parle avec elle, avait ému et conquis des millions de spectateurs, rejoignant ainsi les publics admiratifs et fidèles que Pina Bausch avait séduits par le chamboulement génial des codes chorégraphiques. Marie Nimier avait écrit le roman Anatomie d’un choeur au cours duquel des individualités si différentes et parfois dissonantes parvenaient, par une passion commune pour la musique, à créer une oeuvre harmonieuse et bouleversante. Il est ici question de chorégraphie, de processus créatif, de mémoire commune. Rosita Boisseau, animatrice pendant treize ans de l’émission Spécial danse sur France Culture, rassemble vingt-quatre danseurs et danseuses de la compagnie créée par Pina Bausch, le Tanztheater Wuppertal, qui disent leurs émotions, leurs parcours, les épreuves, les enthousiasmes, leur engagement artistique. Les vingt-quatre récits, à la fois intimes et intenses, illustrés par Laurent Philippe, photographe de scène, font de cet ouvrage une délectation. Le choix des éditions Textuel d’imprimer sur des pages couleur rose pastel, référence à celle des chaussons de danse, ajoute à l’élégance […]

La liberté n’est ni occidentale ni orientale, elle est universelle

En ce début d’année 2019, quarante ans après la Révolution islamique iranienne, l’écrivaine Chahla Chafiq publie un livre intitulé Le rendez-vous iranien de Simone de Beauvoir. L’histoire n’est pas, en réalité, un éternel recommencement. Elle s’inscrit dans une continuité, aussi mathématique que les chiffres, telle une suite logique. En tant que démocrate, féministe, je me suis souvent sentie gênée vis-à-vis des exilées, notamment mon amie Chahla Chafiq ou mes amies algériennes, fuyant les violences de leur pays, s’accrochant à l’espoir d’une laïcité universelle en France au prix de déchirements psychologiques et affectifs d’une grande violence. Comment pourrait-elle nous pardonner ce sabordage démocratique auquel nous assistons ? Comment accepter de les voir revivre toujours le même scenario, un mauvais remake ? Comment la banalisation de l’islamisme a-t-elle pu opérer en France et comment la gauche peut-elle être aussi complaisante avec l’islam politique après avoir été aussi anticléricale avec l’église catholique ? C’est dans ce livre pédagogique et rigoureux où Chahla Chafiq la sociologue et Chahla Chafiq l’écrivaine se rencontrent dans le style et la sensibilité, que j’ai trouvé de nouvelles réponses pour mieux comprendre ma propre histoire. L’autrice y rappelle comment les révolutions prennent systématiquement leurs distances avec l’émancipation des femmes, alliant […]

Le courage des filles afars

Aïcha Dabalé, féministe franco-djiboutienne afar, est investie depuis l’âge de dix-sept ans pour les droits des femmes. Sabine Salmon, présidente nationale de Femmes solidaires, porte la voix de son mouvement qui accompagne les femmes afars depuis treize ans. Yvette Barilleau, architecte retraitée, est engagée depuis de longues années dans cette association féministe et coordinatrice de ses projets en Éthiopie. Entretien croisé sur le projet Kimbidalé avec des femmes « battantes » de France et d’Éthiopie. Le début d’une aventure incroyable… Aïcha D. : Il y a une vingtaine d’années, j’ai appris qu’il y avait des femmes qui menaient des actions contre les pratiques ancestrales d’excision et d’infibulation en pays Afar d’Éthiopie, d’où je suis originaire. Depuis l’âge de dix-sept ans, je me battais moi-même contre ces pratiques. J’ai rencontré ces femmes, Madina et Halima, de l’association Karrera, aujourd’hui Gamissa. Elles souhaitaient faire porter leurs voix au-delà des frontières et toucher une ONG qui aurait pu les aider. Je militais moi-même en France à Femmes solidaires qui luttait contre l’impunité des viols à Djibouti. J’ai alerté mes amies et les ai emmenées sur le terrain. Sabine S. : Aïcha est partie en mission avec une représentante de Femmes solidaires, Simone Bernier. Un soir, […]

Marceline Loridan-Ivens – La braise au milieu des cendres

Il aura fallu cinquante ans à Marceline Loridan-Ivens pour revenir physiquement à Auschwitz, elle qui n’a cessé d’y revenir chaque jour, chaque nuit. Pourtant femme d’image, elle se consacrait à l’écriture depuis quinze ans. Sous la plume, la mémoire revenait par bribes. Elle s’est éteinte à quatre-vingt-dix ans. « Je ne suis pas une déportée, je suis une survivante. Je n’étais pas destinée à revenir. » En octobre 1991, à l’occasion d’un festival de cinéma en Pologne, Marceline Loridan-Ivens revient à Auschwitz. « Une fois dans mon bloc […], j’ai pris une échelle, je suis montée dans ma coya, celle du haut. 1,90 m de large sur 1,80 m de long, cinq à six personnes par coya. J’ai enlevé mon manteau et je me suis mise comme nous étions. Même pas à plat dos, en chien de fusil. Et là, j’ai eu le sentiment d’être un rat. Je ne sais pas combien de temps je suis restée ainsi. […] Peut-être que j’aurais pu y rester des jours. C’était comme une deuxième mort. » Marceline reviendra seule, sans son père, ce père tant aimé, qu’elle verra pour la dernière fois derrière les barbelés d’Auschwitz. Pour elle, ce sera Birkenau. Ce père, Szlama Rozenberg, […]

Le savoir des sorcières

Pharmaciennes, guérisseuses, docteures populaires… Les mystérieuses sorcières sont avant tout des femmes savantes, partageant leurs savoirs avec d’autres femmes et soignant chacun.e sans distinction de moyens. Persécutées par le patriarcat, torturées et tuées, leurs descendantes, elles, sont pourtant bien présentes ! Le mot « sorcière » signifie étymologiquement « diseuse de sort » (sortiarus en latin). Sous ce vocable, elle apparaît comme détentrice de pouvoirs magiques et de ce fait dangereuse car elle empiète sur les champs temporel et spirituel du patriarcat. La sorcière est donc poursuivie, brûlée en place publique en Europe du XVe au XVIIIe siècle pour alliance avec le diable par les inquisiteurs de l’Église catholique alors toute-puissante. Pourtant, la sorcière de village d’autrefois est tout à la fois herboriste, jeteuse de sort, interprète des rêves, guérisseuse, sage-femme et psychologue. Alors que seules les saignées sont à l’ordre du jour des hommes de la médecine orthodoxe, la sorcière, seule ressource pour les pauvres gens dans les endroits reculés des villages, propose des breuvages de plantes qui s’avèrent souvent plus efficaces. Les simples des sorcières pharmaciennes « Simples » est, depuis le Moyen Âge, le nom donné aux plantes médicinales. Mais leur culture est bien plus ancienne. Les archéologues […]

La culture du viol, sous le soleil exactement

Ces cartes postales vous les connaissez toutes et tous, images sexy pour certain.e.s ou objets sexistes pour d’autres, elles sont en vente dans la plupart des magasins de souvenirs et des librairies des zones touristiques. Femmes solidaires est à l’initiative d’une campagne estivale dénonçant la vente de ces cartes postales. Difficile de les trouver à Paris ou Lyon où elles sont quasi inexistantes. Elles pullulent toutefois dans les villes de Bretagne et des Bouches-du-Rhône, même les plus chics. Cet été, l’association Femmes solidaires, présente dans 190 villes de France, a lancé une campagne nationale pour dénoncer l’impression et la vente de cartes postales sexistes, souvent grossophobes et parfois même racistes. Selon l’association féministe d’éducation populaire, « elles concourent à la “culture du viol” qui impose une image dégradante des femmes, et participent à légitimer et banaliser les violences faites aux femmes ». Ces cartes postales sont disponibles, étalées à la vue de tous et toutes. Elles peuvent être vendues, y compris les plus explicites, quel que soit l’âge des clients. Le fait de vendre des contenus à caractère pornographique aux mineurs demeure illégal. Or, certaines cartes mériteraient largement une classification porno… Chaque jour, Femmes solidaires a donc posté sur les réseaux sociaux une […]

Ceija Stojka – La mémoire dans la peinture

Ceija Stojka, rom autrichienne, a été déportée et devient artiste peintre après son retour des camps. Son oeuvre, marquée par le traumatisme de l’expérience concentrationnaire, est un témoignage de l’horreur de celle-ci et de la résilience. Deux expositions, deux ouvrages et un documentaire l’ont mise à l’honneur en 2018. 2018 aura été l’année Ceija Stojka. La Maison rouge a en effet accueilli au printemps dernier une première exposition de l’oeuvre de l’artiste rom autrichienne avec près de cent-cinquante de ses peintures ou dessins rassemblés. Un hommage à la hauteur de la vie hors du commun de l’artiste encore méconnue. Ceika Stojka est née en 1933. Déportée à l’âge de dix ans avec sa mère, ses frères et soeurs, elle survit à trois camps de concentration (Auschwitz-Birkenau, Ravensbrück et Bergen-Belsen). Elle est libérée en 1944. L’art et la mémoire La mémoire de la déportation est un chemin qui la mène, quarante ans plus tard, à raconter par l’écriture poétique ce qu’elle a subi. Ses poèmes sont pour la première fois rassemblés, traduits en français et publiés en 2018 sous le titre Auschwitz est mon manteau et autres chants tziganes 1. Par la suite, son art s’exprime aussi par le dessin et la peinture qu’elle […]

Jeux antisexistes – Visons la lune

Lancer des jeux pour dépasser les idées reçues, un mémo, un jeu de 7 familles, une bataille féministe… une idée géniale mais il fallait y penser. Héloïse Pierre, mathématicienne, lance The Moon Project. Ce n’est pas juste montrer ou dire mais expérimenter, permettre aux enfants de jouer, faire et défaire, interroger et partager, rire et s’amuser avec des jeux inspirants. Héloïse, qui êtes-vous ? Je suis mathématicienne de formation, et donc évidemment très intéressée par l’apprentissage des mathématiques ! Il y a quatre ans, j’ai monté ma société de jeux de société pour aider les enfants à comprendre les mathématiques différemment. Elle s’appelle Topla. Je donnais beaucoup de cours de maths à des lycéen.e.s et je me suis rendu compte que tous mes élèves avaient les mêmes types de problèmes en maths : ne pas comprendre l’utilité, trouver ça trop dur et abstrait. J’ai donc eu envie de montrer aux enfants dès le plus jeune âge que les maths sont belles, concrètes et super sympas. Je leur fais donc faire de la peinture pour aborder les fractions, de la cuisine pour les multiplications. Le but de Topla est de permettre à un maximum d’enfants de ne pas décrocher face aux […]

PMA : liberté, égalité, sororité

En juin 2017, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) publiait un avis favorable à l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes. Un an plus tard, la PMA pourrait être détachée de la révision de la loi sur la bioéthique prévue pour 2019 et faire l’objet d’un projet de loi déposé d’ici la fin de l’année. La PMA, procréation médicalement assistée (également connue sous le nom d’assistance médicale à la procréation), regroupe l’ensemble des techniques médicales visant à répondre à une ou des infertilités. Ces techniques incluent la conception in vitro, le transfert d’embryon et l’insémination artificielle. Depuis 1994, elle est autorisée en France pour les couples hétérosexuels mariés ou en concubinage depuis au moins deux ans, en situation d’infertilité médicalement constatée. Ce diagnostic permet au médecin, après sa confirmation par des tests chimiques et biologiques, d’orienter les patients vers une procédure de PMA. Une question d’égalité Les femmes seules et/ou homosexuelles sont, de fait, interdites d’accès à la PMA en France. Si la légitimité du désir de parentalité d’une femme hétérosexuelle mariée et infertile n’est pas contestée, pourquoi n’accorde-t-on pas la même bienveillance aux femmes célibataires ou aux couples de lesbiennes ? La supposition implicite est que nous sommes […]

Gérard Holtz, le féministe – Plus Milliat que Coubertin

Faire découvrir des parcours de femmes sportives de haut niveau, montrer le sport au féminin, voilà un des objectifs de l’ouvrage Les 100 histoires de légende du sport au féminin. Rencontre avec un féministe qui toute sa vie a eu chevillé au corps le sport et ses valeurs : j’ai nommé Gérard Holtz. Entretien. Déjà cinq livres sur l’histoire du sport, tous avec une majorité de figures masculines, d’où vient cette idée d’un sixième ouvrage sur des sportives de légende ? Dans les mois qui viennent, nous allons avoir Roland-Garros, les 24h du Mans, la Coupe du monde de football, le Tour de France, ce sont des actualités principalement masculines. Avec mon fils Julien, nous avons voulu prendre le contre-pied du machisme dans le sport. Plutôt que de faire un autre livre sur le football, comme nous le demandait l’éditeur, nous avons fait un livre sur le sport au  féminin. Il y a tellement de figures, d’histoires à raconter que nous en avons trouvé pas moins de deux-cent-cinquante, parmi lesquelles nous avons bien sûr fait un choix pour aboutir à cet ouvrage. Dans les précédents livres, il ne pouvait être question de parité. Le premier, consacré au Tour de France, ne parle que d’épreuves masculines, et celui sur le sport automobile raconte certains parcours comme celui de Michèle Mouton, Jutta Kleinschmidt. Il y a toutefois assez peu […]

Filles de mai, 68 mon mai à moi

Quel bonheur de lire des écrits pluriels et singuliers, mêlant émotion et rigueur, jeunesse et maturité dans un des ouvrages les plus intéressant de ce 50e anniversaire de 68 intitulé Filles de mai – 68 mon mai à moi. Ce recueil collectif préfacé par Michelle Perrot est né d’une prise de conscience : seuls les hommes ont beaucoup écrit sur mai 68. Et pourtant les femmes y étaient, en étaient. En 68, les femmes découvrent avant tout la force de leur parole, leur capacité d’agir, de penser, de bousculer le vieux monde patriarcal, oppressif, capitaliste. Filles de mai – 68 mon mai à moi est issu d’un groupe d’écriture : 68 dans la mémoire des femmes. Il a été constitué et impulsé par l’APA – Association pour l’autobiographie et le patrimoine autobiographique. D’un échange avec Michelle Perrot, venue traiter du silence des femmes dans l’histoire, a germé cette volonté d’écrire leurs souvenirs de mai 68, avant, pendant et après. Saluons l’initiative des éditions Le Bord de l’eau qui, pour le cinquantenaire de mai 68, réalise une nouvelle édition, préfacée par Michelle Perrot et enrichie d’une postface de Ludivine Bantigny, historienne, auteure de 1968, de grands soirs en petits matins. Les vingt-deux auteures de ces […]

Lévothyrox – Les femmes au cœur d’un scandale sanitaire

Depuis des mois, des dizaines – peut-être des centaines – de milliers de patientes se plaignent de graves effets indésirables qu’elles imputent à la nouvelle formule du Lévothyrox. Face à des pouvoirs publics qui minimisent l’ampleur du phénomène, nombre d’entre elles s’organisent et réclament justice. On peut dire que « l’affaire de la nouvelle formule du Lévothyrox » est un véritable scandale sanitaire d’ampleur. Quelques repères pour comprendre : la thyroïde, petite glande en forme de papillon située aux côtés de la trachée, secrète des hormones indispensables, régulatrices de nombreuses fonctions de notre organisme. Lorsque, pour différentes raisons, cette sécrétion est trop faible, il faut avoir recours à une hormone de synthèse compensatrice : la lévothyroxine. Le laboratoire allemand Merck propose depuis des années un médicament la contenant, le Lévothyrox. Trois millions de patient.e.s (à 80 % des femmes) y ont recours. De graves effets inexpliqués En 2012, après avoir constaté des irrégularités dans la quantité exacte de principe actif d’un lot de médicament à l’autre, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait demandé au laboratoire de revoir les conditions d’élaboration. Fin mars 2017, Merck commercialise une nouvelle formule du Lévothyrox, modifiant les excipients, garantissant qu’ainsi une teneur constante de la substance […]

Anne-Flore Marxer – Le féminisme en freeride

Anne-Flore Marxer est une femme d’exploits. Vice-championne du monde 2016 et 2017, championne du monde en 2011 de snowboard freeride et résolument féministe. Elle partage avec nous ses espoirs d’un sport débarrassé des stéréotypes sexistes. Anne-Flore Marxer n’a aucune réticence à se définir comme féministe : « Je ne vois pas qui ça peut ne pas intéresser, le féminisme », et pour cause. Mi-janvier dernier, poitrine nue et bâillonnée, elle interpelle le monde du sport dans une double page du journal L’Équipe : « Sommes-nous réduites à une paire de seins ? » Pour comprendre le contexte de son action, il faut revenir au passionnant portrait qui lui est consacré sur le site Neuf Dixième par la journaliste Patricia Oudit. Son objectif est simple : rendre leur voix aux sportives et s’opposer à la sexualisation de leurs corps. « J’ai reçu énormément de messages de soutien de sportives d’autres sports qui subissent elles aussi cette sexualisation et se sont reconnues dans mes paroles. » Cette libération concerne d’autres disciplines : « L’été dernier, des championnes de stand up paddle se sont manifestées lors d’un évènement très important duquel seuls les hommes étaient conviés. Elles ont posé sur leurs réseaux sociaux avec un signe qui disait “I paddle for […]