Édito : Le roi Pelé, au nom du père… et face à Dieu

J’ai plutôt de la sympathie pour Pelé, le talentueux footballeur artisan de bien des victoires de ses clubs et de son pays, l’homme engagé qu’il a été après sa carrière en tant que ministre des Sports et ambassadeur de l’Unesco et de l’ONU pour la paix. Mais son décès le 29 décembre dernier a plongé le monde, et le Brésil en particulier, dans une ferveur rarement égalée qui le positionne dès lors comme au-dessus des hommes et bien sûr des femmes. Certes il y a une religion au-dessus de toutes les religions humaines : le foot. Mais cela ne suffit pas à expliquer un tel déferlement de superlatifs : “Le Roi Pelé est mort… un Dieu du foot…” Nous sommes toujours dans le même schéma patriarcal en arrière-plan de ce bel enthousiasme populaire, le triangle infernal : Dieu, le père, le pouvoir avec l’idolâtrie comme mode de pensée, comme philosophie et un homme au-dessus des hommes et des femmes bien sûr. Rien ne change réellement et nous sommes encore dans des dispositifs déprimants du vieux monde. Telle une divinité inca, sur des kilomètres une foule compacte s’est massée parfois au risque de blessures et d’écrasement contre le véhicule où était […]

« En libérant sa parole, Sarah Abitol a également libéré celle des autres »

Katia Palla a été sportive de haut niveau, patineuse à la carrière prometteuse. Elle quitte la glace du jour au lendemain. Le livre de Sarah Abitbol va réveiller en elle les violences qu’elle a subies. Rencontre avec une femme forte, une survivante, directrice de l’association La voix de Sarah. Katia, qui êtes-vous ? J’ai cinquante et un ans. Je suis une ancienne patineuse artistique de haut niveau. Sarah Abitbol et moi, nous nous entraînions à Bercy aux Français volants. Nous avions alors seize ans pour moi et douze ans pour Sarah. J’ai été victime du même agresseur que Sarah, Gilles Beyer, de mes seize à dix-huit ans passés. J’ai arrêté le patinage de façon brutale car je n’en pouvais plus, j’étais à bout. Je me suis protégée, comme un réflexe vital. J’ai disparu du patinage du jour au lendemain, sans remettre les pieds dans une patinoire pendant trente ans. Aujourd’hui, je suis cheffe d’entreprise et directrice de La voix de Sarah. Le livre de Sarah, Un si long silence, a été un déclencheur pour vous… Avec Sarah, nous nous étions perdues de vue. Quand elle a sorti son livre en 2020, je l’ai tout de suite lu. J’ai immédiatement compris […]

Vivienne Westwood – Punk is not dead

Pour sa collection Printemps-été 2009, à la stupéfaction générale tant la rencontre des deux femmes aurait pu paraître incongrue, l’égérie de la styliste Vivienne Westwood fut Pamela Anderson défilant en Westwood avec fierté. Une frasque originale de plus pour celle que l’on désigne comme « l’enfant terrible de la mode » à l’instar de son cadet le styliste français Jean-Paul Gaultier ? Pas le moins du monde, les deux femmes ont un ami en commun : Paul Watson, un des créateurs de Greenpeace et protecteur des océans, et deux causes au moins à défendre ensemble avec la même radicalité, celle de l’arrêt de l’utilisation de la fourrure dans la mode et celle de la défense de la planète. Les dernières décennies ont trouvé Vivienne Westwood dans toutes les causes contre la mondialisation et l’appauvrissement des ressources naturelles : soutien à Julian Assange, aux côtés de Greta Thunberg ou encore de l’ONG Sea Shepherd Conservation Society pour le respect des océans et de leur biodiversité, contre la pêche intensive. Comme si la radicalité, née dans les mouvances punks des années 70, trouvait un chemin naturel vers l’écologie radicale et la lutte contre l’ultralibéralisme. Vivienne Westwood est née en 1941, dans le Derbyshire en […]

Édito : La parole s’est libérée mais les femmes ne sont pas libérées des violences

« On croit que l’on protège mais on ne protège pas. » Ce cri lancé par Édouard Durand dans son dernier livre Défendre les enfants tente moins de dénoncer une situation déjà bien connue que d’ouvrir les yeux des professionnel.le.s de la Justice, dont les magistrats, sur la situation inquiétante des femmes, des enfants, victimes de violences et notamment de violences sexuelles.  Vingt ans après la première enquête ENVEFF en 2000 qui donnait les premiers chiffres des violences faites aux femmes, dont le fameux « 1 femmes sur 10 a connu ou connaît des violences » et « 50 000 femmes ont déclaré avoir été violées », la situation ne s’est guère améliorée. Aujourd’hui, elles sont 94 000 par an à le dire et l’on considère encore que ces chiffres sont en deçà de la réalité. Depuis 2018 et la vague salutaire de #MeToo, les chiffres n’ont pas régressé, ils ont même parfois augmenté. En effet, à l’heure où nous bouclons, le nombre de féminicides est plus important que l’année passée à la même date. Si la parole s’est réellement libérée, les femmes, elles, ne sont pas libérées des violences sexuelles et sexistes. En cause, le manque de prévention et l’impunité.  Pour que les faits régressent, […]

Femmes, Iran et islamisme : l’analyse de Chahla Chafiq

Chahla Chafiq est sociologue et écrivaine. Spécialiste de l’Iran, dont elle est originaire, elle a notamment écrit Islam politique, sexe et genre, à la lumière de l’expérience iranienne. Pour Clara-magazine, elle revient sur le contexte iranien depuis 1979. Au moment de la Révolution iranienne en 1979, Chahla Chafiq participe aux mouvements de contestation d’étudiant.e.s de gauche. Les islamistes s’emparent alors du pouvoir. Très rapidement, elle entre dans la clandestinité avant de prendre, en 1982, le chemin de l’exil. Elle arrive en France où elle reprend ses études à la Sorbonne.  Tes recherches universitaires et tes ouvrages posent une réflexion sur l’expérience islamiste en Iran. Peux-tu nous l’expliquer ? Mes recherches sur l’islamisme interrogent de manière importante mon parcours personnel. J’ai reçu une éducation laïque, j’ai des convictions de gauche et pourtant j’ai accueilli avec bienveillance les discours de Khomeiny en le considérant comme le représentant de l’Islam contestataire. À cette époque, je suis persuadée, comme des milliers d’Iranien.ne.s qui constituent les forces sociales et politiques non islamistes, du rôle positif de la religion dans la mobilisation du peuple contre la dictature du Chah soutenue par les pouvoirs occidentaux. L’expérience iranienne nous montre comment une religion peut être instrumentalisée. Dans les […]

Dulcie September : à quand la vérité ?

Dans l’espoir de rouvrir l’enquête sur l’assassinat jamais élucidé en 1988 de Dulcie September, militante et représentante en France de l’ANC, mercredi 16 novembre, une audience publique a eu lieu au Tribunal de Paris. L’occasion pour nous de revenir sur cette grande figure des combattantes sud-africaines. Métisse, née au Cap en 1935, Dulcie September est expulsée de son quartier avec sa famille en 1948, du fait de la mise en place du système de l’apartheid par le gouvernement blanc, elle en subit très jeune toute la rigueur. Devenue enseignante, elle rejoint très vite ceux qui s’y opposent, devient alors militante dans un mouvement révolutionnaire, contre le pouvoir blanc et ce système légal de racisme. Comme de nombreux.ses militant.e.s, elle est emprisonnée pendant cinq ans et, après une stricte assignation à résidence, en 1973 elle choisit l’exil définitif de son pays, l’Afrique du Sud. Elle s’installe à Londres où elle rejoint le mouvement de Nelson Mandela, l’ANC (The African National Congress) puis en Zambie.  Présente partout pour dénoncer le système d’apartheid C’est en 1984 qu’elle arrive à Paris comme représentante en chef de l’ANC pour la France, le Luxembourg et la Suisse. Au moment où François Mitterrand, alors Président de la […]

Édito : Prostitution, ce qui se conçoit bien s’énonce clairement !

Depuis la loi du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel, la France ne reconnaît pas la prostitution comme un métier mais bien comme une violence faites aux personnes prostituées, en majorité des femmes et des enfants. Contrairement aux pays dits réglementaristes comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, on ne peut parler de travail en ce qui concerne la traite et l’exploitation de la prostitution au sens de l’Organisation internationale du travail. Si le rapport de force a permis en 2016 d’obtenir cette loi qui range la France dans le camp des pays abolitionnistes, tels que la Suède, et si la bataille a été gagnée après un débat parlementaire houleux, rien n’est acquis en matière de droit des femmes. Ainsi, le camp des trafiquants déploie des moyens parfois hors de portée des abolitionnistes en termes de lobbying pour faire avancer le trafic humain si lucratif pour le crime organisé mondial. Cette guerre des idées est aussi une guerre des mots. Il est regrettable que la France concède du terrain au camp des trafiquants en réemployant son vocabulaire à l’occasion des campagnes contre le « monkeypox », comprenez la variole du singe. Ainsi, pour une campagne sur […]

Emma Oudiou, athlète engagée contre les violences

Emma Oudiou, sportive de haut niveau, vient de réaliser Suite, un documentaire pour dénoncer les violences sexuelles dans le milieu de l’athlétisme. Elle nous explique ses motivations, ses objectifs. Entretien. Pouvez-vous nous rappeler votre parcours de sportive, votre palmarès ? J’ai été athlète de haut niveau pendant dix ans, spécialiste du 3000 mètres steeple. J’ai fait dix sélections en équipe de France et obtenu trois médailles internationales. Dans Suite, le documentaire que vous venez de réaliser, cinq femmes athlètes, toutes dans l’athlétisme, témoignent des violences sexuelles – viols pour certaines – qu’elles ont subies par des agresseurs appartenant au milieu du sport. Pourquoi ce documentaire ? Quel est, quels en sont les objectifs ? Ce docu est une nécessité dans un monde sportif violent par plein d’aspects. Pourtant on en parle trop peu. J’ai moi-même été victime de violences sexuelles, beaucoup d’athlètes autour de moi également, il était temps qu’on en parle. L’objectif est double : faire en sorte que les victimes sachent qu’elles ne sont pas seules et qu’elles ont le droit de parler, mais aussi faire réagir les institutions pour qu’elles protègent leurs athlètes comme il se doit. Vous avez été vous-même victime de violences. Pouvez-vous revenir sur […]

Aimer comme Susie Morgenstern

Histoire d’amour des temps modernes, Susie et Georges se rencontrent après avoir échangé sur un site de rencontres. Susie a 60 ans, Georges 74, et alors ? De cette belle histoire naîtra un très beau livre : Fleurs tardives. Le 8 mars 2007, sur le quai de la Gare de Lyon, une rencontre majeure prend place : après avoir échangé pendant des semaines sur un site de rencontres, Susie rencontre Georges. Susie, c’est l’américaine aux lunettes en forme de coeur, une mèche rose dans les cheveux et Georges, le Suisse aux grandes oreilles avec son imper des années 20. Deux mondes se rencontrent sur un quai de gare et la magie opère. Ce n’est pas une histoire extraordinaire. Et pourtant, comme toutes les histoires d’amour, elle l’est. Susie a soixante ans, Georges soixante-quatorze ans. Susie dit de lui : « Il n’a pas une minute de moins que son âge. » L’histoire d’un amour Comme souvent en ligne, il faut d’abord faire face à la surprise : elle n’a pas mis de photo sur son profil de présentation sur le site de rencontres et, sur celui de Georges, elle ne discerne par ses grandes oreilles décollées. Qu’importe, nos protagonistes se […]

Édito : Quand la peur vient du ciel

Nombreux sont les enfants de la guerre dont le regard ne s’est jamais plus fixé sur l’immensité du ciel. Alors que cet espace bleu et nuageux est le plus souvent, pour les enfants, un terrain de jeu magnifique pour feutres et crayons, licornes et oiseaux de toutes les couleurs, les enfants de la guerre n’y voient qu’inquiétude, bruits de bombe, de métal et déflagration. Quand la peur vient du ciel, difficile d’envisager un avenir. 19 mars 2022, nous commémorons le 60e anniversaire du Cessez-le-feu en Algérie. Après une guerre qui aura duré huit longues années, les accords d’Évian venaient faire taire les armes avant l’indépendance de l’Algérie le 3 juillet 1962. Les conséquences de cette guerre qui ne voulait pas dire son nom ont été immenses et les blessures toujours à vif. Comme toutes les guerres, celle-ci aura traumatisé civils et militaires, victimes de violences, de la torture et de la disparition de proches. Comme toutes les guerres, elle aurait pu être évitée si l’on avait respecté le droit légitime des peuples à disposer d’eux-mêmes. Soixante ans plus tard, les bombes et les armes de poing s’abattent de nouveau sur un peuple pour le contraindre. Le ciel de l’Ukraine s’obscurcit […]

#stopcultureduviol #stopimpunité – Enjeux du prochain quinquennat

Après 2017 et l’élection d’Emmanuel Macron, vint 2018 et le mouvement de libération de la parole. Cette année, sans doute, restera aussi historique que le tournant des années 70 avec le Mouvement de libération des femmes (MLF). Au-delà d’avoir révélé la « condition » des filles dans notre société, ce mouvement planétaire #MeToo a retenti de façon plus universelle dans tous les milieux. #MeToo un volcan en éruption Si le MLF avait (certainement à tort, les choses étant plus complexes) été taxé de révolution bourgeoise par les femmes de la classe ouvrière tout juste sortie des mouvements des usines de 68, la libération de la parole en 2018 s’est étendue notamment en France dans toutes les catégories socioprofessionnelles de la société. Actrices, infirmières, femmes de ménage et cadres supérieures, responsables syndicales ou journalistes, chacune a décidé de rendre public ce que beaucoup partageaient dans le secret d’un cabinet médical ou d’une bouffe entre copines. Rien ne sera plus jamais comme avant. La honte est en train de changer (lentement) de camp. Certains reprochent les dégâts collatéraux de ces révélations sur les familles des auteurs ou le non-respect de la sacro-sainte « présomption d’innocence ». Mais on ne prévient pas de l’éruption d’un volcan par […]

Égalité femmes-hommes, grande cause du quinquennat : vraiment ?

Le 25 novembre 2017, le Président de la République déclarait l’égalité entre les femmes et les hommes grande cause de son quinquennat. Nous sommes maintenant à l’heure du bilan de sa présidence et le résultat n’est pas à la hauteur des espoirs et des attentes suscités par cette déclaration. Il ne serait pas honnête d’affirmer qu’il n’y a eu aucun progrès, que rien ne s’est passé ou a progressé. D’ailleurs, l’Institut européen pour l’égalité entre les femmes et les hommes (EIGE) le montre à travers son index publié régulièrement et qui synthétise les évolutions dans les principaux aspects de la société : entre 2017 et 2021, l’index de la France est passé de 72,6 à 75,5 ; un progrès donc mais de seulement 4 %…, un bon résumé de cette « grande cause ». L’un des domaines où de réelles avancées auraient pu se manifester, tout en ayant une vraie dimension symbolique et pédagogique, est celui de nos institutions démocratiques. Le plus jeune président de la Ve République, moderne et égalitaire, aurait pu choisir de nommer une femme à la tête du gouvernement, il a préféré par deux fois choisir un homme. De la même manière, les député.e.s du parti présidentiel, grâce […]

Édito : « Sous mon sein, la grenade… »

Le dossier de ce numéro sur les centres de prise en charge holistique a eu un impact important sur chacune des journalistes qui y ont participé. Témoignages, interviews, photos… Chaque regard de femme ou d’enfant nous a une fois de plus changées et a changé le regard que nous portions sur le monde. Si nous avons voulu au coeur de ces pages montrer l’espoir et la vie retrouvée, nous ne pouvons étouffer la colère qui est la nôtre face aux mutilations atroces que vivent les femmes partout dans le monde et particulièrement en RDC. Le monde est un terrain de jeu pour des hommes à la masculinité toxique. Depuis la nuit des temps, les hommes se présentent comme ceux qui protègent les femmes. Ils font la guerre, chevaliers et soldats pour protéger leur princesse… Foutaise. Ils enferment les femmes dans des forteresses bien gardées sous prétexte de les protéger. Ces prisons rouillées de stéréotypes sont surtout des moyens de contrôler leur corps et leur vie. Ne nous protégez pas, désormais on s’en occupe nous-mêmes… Honnêtement, je me suis posée la question en voyant que les femmes afars à leur tour prennent les armes. Que peuvent-elles bien faire d’autres en pleine […]

La Maison des femmes à Saint-Denis (93)

« Une femme victime de violences violences vit dans un univers éclaté. Elle doit agir dans de très nombreux champs de sa vie… » Ghada Hatem, médecin-cheffe de la Maison des femmes La Maison des femmes a ouvert ses portes en juillet 2016, après trois ans de gestation de sa fondatrice Ghada Hatem. Trois mille femmes ont été accueillies la première année, puis quatre mille les années suivantes et enfin près de cinq mille en 2020. Autant de femmes prises en compte dans leur entièreté pour retrouver leur intégrité physique et psychologique essentielle à une nouvelle vie. Dans votre parcours, quels faits, quel constat vous ont conduite à engager la création d’un lieu dédié aux femmes victimes de violences ? Mon parcours est un parcours de gynécologue-accoucheuse classique, ayant travaillé dans différentes maternités publiques. Cela m’a permis de rencontrer des femmes de toutes origines et classes sociales. Et l’intimité que permet ce métier m’a fait comprendre que rien ne protège une femme d’un conjoint ou d’une famille violente, que les difficultés que traversent ces femmes sont identiques et ont un impact sur leur santé. J’ai eu l’occasion dans ma carrière de créer divers parcours de soins pour la prise en charge des […]

Voir leur peine se transformer en courage

Denis Mukwege, médecin gynécologue, Prix Nobel de la paix 2018, était l’invité le 14 octobre 2021 de la journaliste Laure Adler dans sa mythique émission L’heure bleue. L’occasion de revenir, entre autres, sur l’approche holistique qui s’est imposée à lui dans sa pratique à l’hôpital de Panzi et dans les centres qui en dépendent, La maison Dorcas et La Cité de la joie. Extrait. « Nous sommes arrivés à la prise en charge holistique des femmes victimes de violences sexuelles parce que nous étions confrontés à un véritable problème depuis l’ouverture de l’hôpital de Panzi en 1999. Une femme qui vient avec des blessures au niveau de l’appareil génital, elle est incontinente et lorsqu’on fait une bonne chirurgie, elle retourne à la selle normalement. […] Comme médecin on est vraiment satisfait, on a fait un travail vraiment formidable. Mais ce qu’on a découvert c’est que ce traitement réservé à ces femmes n’était tout simplement qu’une toute petite partie de ce qu’il faut faire quand une femme a subi un viol avec extrêmes violences. Par exemple, cette femme se retrouve seule, elle avait cinq enfants et ils ont été assassinés en sa présence et souvent son mari aussi. […] Lorsqu’on traitait ces […]

Édito : Vendre un homme pour donner des femmes…

Ainsi va la vie dans ce parfois triste monde. Alors que les Talibans entraient dans Kaboul faisant peser sur les Afghan.e.s et notamment les femmes la menace d’une violente répression, d’une vie sans liberté, nous apprenions que l’attaquant français du PSG, Kylian M’Bappé, pourrait être « vendu » d’ici quelques mois au Real Madrid pour la somme minimum de sa valeur marchande, soit 160 millions d’euros. Dans le même temps, les Talibans version 2021 n’hésiteront pas à « donner » des femmes à leurs combattants comme on « offre » des objets pour les récompenser. Les hommes valent cher quand les femmes ne valent rien. Jusque-là, pas d’effet papillon, rien ne semble corréler ces deux informations si ce n’est, à y regarder de plus près, la honte et le cynisme. Les Qataris sont bien à la manoeuvre dans les deux cas. Le président du PSG est Nasser al-Khelaïfi, milliardaire qatari nommé ministre sans portefeuille du gouvernement du Qatar en 2013 et donc proche du pouvoir. Ce même pouvoir est celui qui a accueilli et protégé à Doha le bureau politique des Talibans qui préparaient la prise de pouvoir du 15 août, dont l’un des fondateurs de l’organisation terroriste et actuel […]

Afghanistan – Ne nous résignons pas !

Il y a quelques semaines, au coeur de l’été, nous ouvrions nos colonnes à notre amie Shoukria Haïdar, Présidente de l’association Negar – Soutien aux femmes d’Afghanistan, militante afghane pour les droits des femmes en Afghanistan et dans le monde que nous connaissons depuis la fin des années 90. À cette époque, nous relayions le combat qu’elle menait avec des associations françaises, dont Femmes solidaires, pour ouvrir des classes clandestines en Afghanistan. Puis nous avons partagé l’espoir d’une vie meilleure après la chute des Talibans. Il y a quelques semaines, elle lançait un nouvel appel dans notre magazine, appel à la vigilance, appel d’urgence et de détresse devant l’avancée des Talibans sur Kaboul. Nous pensions avoir quelques semaines, quelques mois pour relayer la parole des Afghanes et créer un rapport de force dans notre pays et dans le monde. Les Talibans sont entrés dans Kaboul dès le 15 août, trois semaines avant la date stipulée dans le pacte américano-taliban de Doha, pacte qui prévoyait que les clés du pays soient rétrocédées à ce groupe terroriste. Quel cynisme, quelle infamie, quel mépris pour les droits humains ! Cette passation faite entre une démocratie et un groupe terroriste, totalement assumée aux yeux […]

La pop culture délivre (aussi) !

Anne Isabelle François est maîtresse de conférences de littérature comparée à l’université Sorbonne Nouvelle. Spécialiste de la culture populaire, ses recherches portent également sur les études de genre. Passionnante et pédagogue, elle revient avec nous sur les intersections entre féminisme et pop culture… Comment définissez-vous la culture populaire ? On définit la culture populaire par opposition, de manière négative : la culture populaire, c’est ce qui n’est pas (légitime, canonique, reconnue, comme étant de qualité). La plupart des définitions dont on dispose sont par soustraction. Mais populaire cela signifie aussi que ce sont des œuvres qui rencontrent un très grand succès, des livres lus et des films vus par tout le monde. Peut-on dire que la culture populaire a mauvaise réputation ? On assiste depuis une vingtaine d’années à toute une série de phénomènes qui visent à montrer l’importance et la légitimité de ces pratiques. Cette analyse est basée sur des outils dont on dispose : en particulier, la grande enquête menée par le ministère de la Culture (enquête sur les pratiques culturelles des Français) qui révèle l’omniprésence de cette expression culturelle. On est dans une phase de dé-hiérarchisation des pratiques et des objets culturels, ce qui change le jugement […]