Elle s’appelle Ginette Kolinka, elle est une des dernières rescapées du camp d’Auschwitz-Birkenau, matricule 78599. Il s’appelle Elie Buzyn, il est un des derniers rescapés du camp d’Auschwitz-Birkenau, matricule 137572. En ce printemps 2019, elle publie Retour à Birkenau, il publie Ce que je voudrais transmettre, deux livres d’une importance majeure pour la période dans laquelle nous vivons après des élections européennes qui signent l’installation d’une nouvelle forme de fascisme sur notre continent. Deux livres qui permettaient à François Busnel de réunir ces deux personnalités, le 8 mai dernier, lors de son émission La grande librairie. À l’heure où chacun.e veut parler et penser pour les autres, Ginette Kolinka assure que son témoignage n’est pas infaillible, mais il est le reflet de son unique expérience. La littérature met en mots l’indicible, l’inaudible et offre un champ infini pour la pensée. De Primo Levi à Charlotte Delbo jusqu’aux derniers récits de Marceline Loridan-Ivens, Marie-José Chombart de Lauwe, Elie Buzin et Ginette Kolinka, la formule de Jorge Semprun « l’écriture ou la vie » prend tout son sens au fil des années. L’écriture est résilience pour celui qui écrit, pour celui qui lit. Ginette Kolinka et Elie Buzyn étaient condamnés à mourir […]
Catégorie : Editos
Édito : En direct du Conseil d’insécurité des Nations unies…
« Pas une seule personne n’a été traduite en justice pour esclavage sexuel », Nadia Murad, survivante yézidie qui a dénoncé les violences de l’État islamique sur son peuple, Prix Nobel de la paix. « Qu’attend la communauté internationale pour rendre justice aux victimes ? », Denis Mukwege, médecin, Prix Nobel de la paix. Le 23 avril dernier, Nadia Murad, survivante yézidie qui dénonce inlassablement les violences de l’État islamique sur son peuple, et Denis Mukwege, célèbre médecin qui prend en charge des survivantes de viols au Congo, tous deux Prix Nobel de la paix en 2018, ont dénoncé l’impunité dont bénéficient les auteurs de violences sexuelles en temps de conflit. Ils étaient invités à s’exprimer devant le Conseil de sécurité de l’ONU, actuellement présidé par l’Allemagne, qui proposait une résolution « courageuse » sur cette question. Devant le risque de veto des USA, la résolution a été vidée de tout son sens et notamment de toute terminologie faisant état de la santé relative aux « droits sexuels et reproductifs ». Cette mention, comme toute référence à la contraception ou à l’avortement, est systématiquement rejetée des négociations internationales par les USA depuis l’élection de Trump. Évidemment, la demande de création systématique de tribunaux nationaux et internationaux […]
Édito : Du « cul » et rien d’autre…
En rentrant chez moi, un soir de février à quelques jours du 8 mars, qui, je le rappelle pour les durs d’oreilles, est la Journée internationale des droits des femmes, je « tombe », trônant sur le panneau publicitaire d’un abri de bus, sur la dernière campagne de la marque Le temps des cerises, intitulée « Liberté, égalité, beau fessier » présentant les fesses d’une femme dans un jean de la marque. Même le 8 mars, rien ne nous abrite du sexisme le plus crasse. C’est vrai que ce n’est pas comme si nous avions vécu une année de débats et d’actions après l’affaire Weinstein dénonçant l’impunité des agresseurs sexuels. Ce n’est pas comme si, depuis des années, nous nous époumonions à expliquer que les violences faites aux femmes sont un continuum qui s’épanouit dans la culture du viol, prend racine dans l’hypersexualisation des femmes et des filles en général, et parfois même des fillettes. Plus ça change, plus c’est la même chose. Finalement, on n’a pas trouvé mieux pour vendre un jean que d’en faire une histoire de fesses. Attention à ne pas prendre certains désirs pour des réalités : la photo a été retouchée, c’est même écrit sur […]
Édito : L’honneur de la France
Le 11 novembre 2018, la France rendait hommage aux soldats de la Grande guerre. Quelle n’a pas été ma surprise en découvrant à la une d’un célèbre magazine vantant « le poids des mots et le choc des photos » que le dictateur Ismaïl Omar Guelleh, IOG, Président de Djibouti, figurait en bonne place sur la photo de famille. Au nom de quoi ? Certainement de nos arrangements pour maintenir une base aérienne dans la corne de l’Afrique. Il n’a pas été publié une photo de cette cérémonie où le Président djiboutien ne figure dans la perspective du Président Emmanuel Macron. Pour le coup, le choc fut rude car le symbole meurtrier. Alors que le gouvernement français, pour des raisons d’État, n’a jamais voulu tendre la main aux dix femmes djiboutiennes en grève de la faim dans les locaux de l’association Femmes solidaires en avril 2016, les plus hautes instances de l’État s’affichent avec leur bourreau. Ces femmes afars, membres d’une minorité considérée comme opposante au pouvoir, dénoncent les viols perpétrés par des soldats de l’armée djiboutienne, pour certains très proches d’IOG, et ce en toute impunité. Et voilà que les honneurs sont rendus publiquement au commanditaire de tant d’exactions. […]
Édito : Centenaire 14/18 mortes pour qui ?
Il y a cent ans, l’armistice de la première guerre mondiale était signé le 11 novembre 1918 à Rethondes. Comme tous les grands moments de l’Histoire, celui-ci s’est écrit en rendant invisibles les femmes. Et pourtant… À y regarder de plus près, elles n’ont pas été absentes, ni sur le front, ni sur les départements de l’arrière, ni dans leurs villes, ni dans les campagnes. Que n’a-t-on raconté sur les femmes et la guerre de 14 ? On aime à expliquer que la guerre a marqué le début du travail des femmes, ce qui est faux. Les femmes travaillaient déjà et depuis toujours notamment dans les champs, les fermes, les entreprises et usines familiales. Il a juste été (enfin) obligatoire de les payer pour occuper les places laissées vacantes par leurs maris, leurs frères, leurs fils, en plus du travail quotidien qu’elles ont continué d’effectuer. Alors que le 7 août 1914, René Viviani, Président du Conseil, appelait les femmes à se mobiliser pour maintenir la production et l’approvisionnement des populations, l’État, et ce depuis cent ans, n’aura jamais officiellement rendu hommage à ces mêmes femmes pour service rendus à la France, ni en discours, ni en actes, ni en pécules. […]
Édito : Faire le deuil de qui nous étions
Sans ironie aucune en se remémorant ces oeuvres, ces artistes, en revisitant ces rendez-vous télévisuels qui ont produit du rêve et nous ont souvent aussi procuré du plaisir, donné l’envie d’avancer dans la vie, je me rends compte après une année de libération de la parole dans le milieu artistique qu’il nous faut faire le deuil d’une partie de notre enfance et de notre adolescence. La tumeur est énorme. Les exemples sont infinis de programmes, de chanteurs, d’acteurs, de chefs d’oeuvre du cinéma qui furent les théâtres de violences faites aux femmes ou qui véhiculèrent les idées les plus phallocrates ou tout simplement la haine des femmes. Comment faire l’impasse sur ces posters de David Hamilton accrochés dans nos chambres d’adolescent.e.s, ces séquences du Cocoricocoboy avec ses playmates et son gong noir tout droit sorti des colonies, l’adipeux Benny Hill harcelant sexuellement toutes les filles qu’il croisait, même celles qui avaient l’air d’être sa petite-fille, combien de shows des Carpentier (et si…) avec des potiches et des jeunes chanteurs à la moustache 70, de Sardou, de Claude François, la main conquérante sur la hanche d’une Jeane Manson ou d’une Petula Clarke soumises et souriantes. Combien enfin de soirées sur M6 en pyjama devant Cosby show, avec la gentille famille Uxtable dont l’acteur Bill Cosby […]
Édito : La même source…
Au moment de jeter ce dernier coup d’oeil sur votre magazine alors qu’il n’existe pas encore au-delà du virtuel sur mon écran d’ordinateur, je me rends compte que vous y découvrirez cet été, une fois de plus, le pire mais aussi le meilleur. C’est une exigence de l’équipe de tenir les deux en équilibre. Le monde dans lequel nous vivons continue de nous meurtrir mais il enfante chaque matin le meilleur de lui-même, une génération de jeunes gens, garçons et filles, qui abordent leur vie avec un nouveau regard, de nouvelles envies. Que de temps parcouru depuis le procès des violeurs d’Anne Tonglet et de sa compagne Araceli Castellano défendues par Gisèle Halimi. L’affaire, jugée en 1978, avait contribué à requalifier le viol en tant que crime et non plus comme délit. Difficile d’accepter qu’aujourd’hui des milliers de jeunes filles continuent de se battre pour « prouver » leur non consentement lors du viol qu’elles ont subi. Mais un vent d’espoir pourrait bien tourner les pages du magazine et vous y croiserez, qui sait, le regard de Cate Blanchett et d’Asia Argento qui auront largement contribué à faire de 2018, une année charnière en faisant entrer à Cannes un souffle de […]
Édito : Courageuse #Mercy comme un enfant…
À l’occasion de mon précédent édito, j’évoquais le sort de la petite Mercy, née le 21 mars 2017 sur l’Aquarius, ce bateau qui rend sa fierté à notre continent, sauvant des migrant.e.s en Méditerranée alors que l’Europe les laisse mourir dans l’indifférence. Sa maman, jeune nigériane, avait embarqué en Lybie sur une coquille de noix dans un océan de peur. Mercy était alors venue au monde en mer. Selon l’AFP, plus de trente enfants sont né.e.s en Méditerranée depuis le début des traversées. Alors que le 12 mai prochain, Emilie Satt et Jean-Karl Lucas défendront les couleurs de la France avec le titre Mercy inspiré de son histoire, l’Assemblée nationale adopte la loi « pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif » le 22 avril dernier. Dans le même temps, des journalistes de France Inter, Alessandro Puglia et Eric Valmir, retrouvent Mercy et sa maman Taïwo près de Catane, en Sicile, dans le plus grand camp de réfugié.e.s d’Europe. En fait, si la chanson finit par « Je vais bien merci… », nous n’en sommes pas vraiment sûr.e.s, la vie dans un camp de réfugié.e.s est assez terrible. Loin de moi l’idée d’assombrir le travail des deux artistes […]
Édito : Paradoxal #MERCY
Le 27 janvier dernier, la France a pris une décision importante. Elle a désigné la chanson Mercy du groupe Madame Monsieur pour la représenter au concours de l’Eurovision 2018. Ce groupe, encore inconnu quelques minutes avant sa prestation, était plébiscité dès son passage par des milliers d’internautes sur les réseaux sociaux, dont Anne Hidalgo en personne, première magistrate de Paris s’il vous plaît… Il faut dire que la chanson raconte l’histoire vraie d’une petite fille née en Méditerranée sur un bateau de bénévoles venus secourir sa mère, une des dizaines de milliers de migrantes qui prend la mer chaque année pour tenter la traversée de l’espoir. Et ces traversées, on le sait, se terminent souvent par des morts atroces et anonymes. Cependant, la petite Mercy est bien née, et je me suis finalement demandée si ce n’est pas justement parce qu’elle s’en est sortie qu’elle a tant impressionné le public français qui est tombé en amour pour le bébé. Mercy, une sorte de « wineuse » des temps modernes, capable d’écrire son propre destin. Paradoxal choix des Français qui, alors qu’ils s’enfoncent depuis des décennies dans des politiques migratoires meurtrières, dans des politiques antisociales, font entrer l’extrême droite au Parlement […]
Édito : 7, 8, 9 janvier 2015. Mort.e.s pour la France
Déjà trois ans et chacun.e de nous se souvient de ce qu’il faisait quand, en matinée du mercredi 7 janvier 2015, nous avons appris que la conférence de rédaction de Charlie Hebdo venait d’être la cible de tirs. Et puis les noms des victimes sont tombés. Le mois de janvier ne sera plus jamais comme avant dans notre pays, même si certains avancent l’idée qu’il faudrait tourner la page… Bien sûr que pour les familles des victimes, pour les survivant.e.s de Charlie, de l’Hyper Cacher, aucune page ne peut être tournée. Mais aussi pour l’idée que l’on se fait de notre nation, aucune page ne peut être tournée. Ces crimes ne sont pas seulement des crimes terroristes, ce sont des crimes politiques. Les victimes du 7 janvier 2015 ont été désignées pour ce qu’elles et ils étaient et pas seulement pour ce qu’elles et ils représentaient. Pour la première fois en France, il y eut une fracture publique entre ceux qui leur rendaient hommage et ceux qui s’y refusaient. Et des victimes d’attentats furent désigné.e.s par certains comme responsables de leur assassinat, alors même qu’ils n’étaient pas enterré.e.s. Ce ne fut pas seulement par la parole de gamins écorchés, pas […]
Édito : Effet papillon et théorie du chaos
Bien que nous ne soyons pas un magazine scientifique, je souhaitais m’arrêter quelques minutes sur un phénomène observé par des mathématicien.e.s et météorologues de renom. Je veux parler de l’effet papillon et de son corollaire, la théorie du chaos. Le premier fut exposé par le prestigieux météorologue Edward Lorenz lors d’une conférence en 1972 intitulée « Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ? » Vous vous demandez sans doute où je veux en venir, consciente que j’écris ici dans un magazine féministe ? Eh bien, je me suis demandé ce qui avait permis à la première des 94 actrices courageuses qui ont dénoncé les crimes et délits sexuels d’Harvey Weinstein de libérer sa parole. S’est-elle levée un matin, s’est-elle servi un café, a-t-elle ouvert son journal ou rejoint sa salle de gym ? Y avait-il du soleil ?… S’est-elle regardée dans une glace ? A-t-elle senti une tension entre l’estomac et le sternum, à cet endroit précis ou une bouffée d’air ouvre les champs du possible ? Elle a sans doute allumé la radio, on passait un morceau de Queen à lever les foules dans un stade ou juste une ballade de Jeff […]
Édito : Des preuves d’amour
143 000 enfants vivent dans un foyer où les femmes sont victimes de violences conjugales, physiques et sexuelles. 143 000 coeurs à la dérive qui n’auront toute leur vie de cesse que de chercher des preuves de vie, des preuves d’amour. Espérer c’est chercher une preuve que l’aube reviendra et qu’après le néant, la nature, les éléments reprendront leurs droits. Le vent viendra ouvrir leurs poumons dans un souffle salvateur, purificateur. Vivre c’est trouver des preuves d’amour. Ces enfants que nous connaissons ne trouvent-ils pas grâce à nos yeux ? Allons-nous continuer encore des siècles de chemin de croix, de sacrifices, remettre en cause leur parole et donc leur existence dans un silence complice. Aux confins de l’été, le sourire d’une fillette brune est venu nous sortir de notre torpeur estivale. Son sourire figé dans l’horreur d’une disparition « inquiétante » viendra-t-il rejoindre celui des enfants martyrs d’une société qui banalise encore les violences faites aux enfants. 143 000 âmes, un chiffre, pas un drame. Pour 57 200 d’entre eux, d’entre elles, aux bleus du coeur, s’ajouteront les bleus du corps, pourquoi s’en priver si maman ne dit maux… Pour une enfant c’est moins grave, pour un enfant c’est rien, […]
Édito : La vie est un départ
Matin de juillet 2017, sur ma table, le dernier numéro de Match, un portrait de Simone Veil de décembre 2004. Elle pose devant la porte d’Auschwitz. Non, en fait elle ne pose pas, elle fixe l’objectif. Dans son regard se croise la jeune Simone Jacob, à peine sortie de l’enfance, encore sous le choc de la découverte de cet enfer sur terre et Madame Veil, survivante de la Shoah, la mère, la grand-mère pudique et aimante. Soucieuse de ne pas blesser ses proches par un excès de détails, elle reste consciente de l’immense responsabilité qui est la sienne à l’hiver de sa vie, celle de la transmission de sa mémoire. Il est peu de chose qui m’émeut autant à chaque voyage de mémoire que ces femmes aux cheveux gris repassant, avec souci du détail, comme pour ne pas trahir leurs camarades disparu.e.s, la porte en métal rouillé des camps. Elles se perdent dans le temps, cherchant ce qui n’est plus, à la fois soulagées et inquiètes. Elles ont toutes le même regard, entre désespoir et cri de victoire d’être vivantes, soixante, soixante-dix ans après que les nazis aient programmé leur mort. À ce moment précis, elles sont seules avec leur […]
Édito : Tais-toi et marche !
Échapper au pire nous condamne-t-il toujours à combattre le « meilleur » ? 20h01, le 7 mai, Emmanuel Macron est élu Président de la République. Mon coeur se desserre d’un coup. Le garrot du fascisme vient de lâcher, le sang réintègre chacun de mes membres exsangues. Je ne pensais pas que la promesse libérale puisse agir sur moi comme un puissant décontractant musculaire. Mon corps se rappelle à moi et la sensation d’apesanteur n’est pas longue, la réalité revient doucement me plomber. La présidentielle m’a laissée KO. Mais promis, cette fois je me tais. Je ne dis rien de ce que je pense. Je ne vous dis rien de ce qui m’accable. Je ne vous dis pas tout ce qui passe dans ma tête libérée. Je ne vous dis pas ma nausée quand je pense que plus de 900 000 filles sont violées chaque année et que la question des violences sexuelles sur les enfants et les femmes n’a même pas été mentionnée dans les débats télévisés durant les élections. Je ne vous dis pas que je ne comprends pas que le front républicain n’ait pas été unanime pour repousser Marine Le Pen aux confins de la démocratie en dessous de la barre des 20 %. Je ne vous dis pas que […]
Édito : L’orgueil des hommes, la colère des femmes
Nous les femmes n’avons jamais rien eu à attendre des hommes. Tout ce que nous avons obtenu, nous l’avons gagné de haute lutte sans rien concéder. Mais voilà pourtant que notre sort à gauche est entre les mains de Ben l’Oncle Soce et Fidel Jean-Luc, deux machos à l’ego surdimensionné qui jouent avec nos vies, nous les femmes. Ensemble, ils seraient quelqu’un. Seuls, ils ne seront plus personne. En face d’eux, le fascisme et la vermine réactionnaire nous guettent du coin de l’œil, attendant leur heure, l’heure où tous deux riront du pauvre sort qui nous sera fait, à nous les femmes. S’ils sortaient du bois, fini alors l’arrogance des féministes, le vent de liberté ; retour au bercail, nappe Vichy et tablier bleu marine. Et pendant ce temps, à gauche, nos deux compères continuent de se demander qui pisse le plus loin. Quand cette gauche s’écrit au masculin, elle nous fait prendre des risques majeurs, à nous les femmes. Comment avons-nous pu laisser notre sort entre les mains de deux petits gars aux ambitions meurtrières ? Si nous pouvions retourner en arrière… Et nous voilà, nous les femmes, otages d’une situation qui peut nous coûter cher. Chaque minute qui passe nous rapproche de notre ancestrale condition de mère, d’épouse, telle Pénélope attendant […]
Édito : Le même regard…
À l’heure où nous mettons sous presse, vient de tomber l’heureuse nouvelle : François Hollande prononce la grâce totale de Jacqueline Sauvage, cette femme qui a tué son mari après avoir subi, ainsi que ses filles, les violences et les viols de cet homme. Pourquoi cette femme, dont la vie a été tant médiatisée sans le vouloir, est-elle devenue pour toutes les femmes un symbole ? Est-ce parce que sa vie parle à toutes ou plutôt parce que toutes connaissent ce sentiment d’impunité, d’injustice face aux violences sexistes ? Nous avons toutes le même regard, sur nous, sur l’autre qui n’est pas nous. Ça commence par une blague salasse dans le métro, ça continue par une « main baladeuse » à la photocopieuse, ça finit par un mari qui ne vous entend pas quand vous lui dites non. C’est le même regard que celui de Jacqueline Sauvage face aux questions de ceux qui ne la croient pas. Il est curieux de remarquer que, si vous portez plainte pour le vol de votre portefeuille, le policier qui vous recevra ne doutera nullement de votre statut de victime, mais si vous venez dénoncer le viol que vous avez subi, sa première réaction sera […]
Édito : Selon mon intime conviction…
Ça y est, je l’ai fait. Si, si, je vous jure, j’voulais pas parce que je suis plus underground que ça. Et puis je suis une vraie journaliste qui s’intéresse à des sujets « sérieux ». Excusez du peu… Bon, L’amour est dans le pré, j’avoue, j’avais déjà regardé mais bon j’ai des excuses, mes racines paysannes. Et puis Je suis un peu écolo quand même. La nature, le grand air… Je l’ai fait, j’ai regardé Une ambition intime…, l’émission de Karine Le Marchand. Vraiment, le plus grave c’est pas qu’elle ait « dragué » Marine Le Pen. Mais la voir la défendre face à Patrick Cohen comme on défend une relation inavouable à la table familiale commençait à m’interloquer… Normal, une Noire qui défend une facho attaquée par un juif, on se croirait dans un sketch de Nicolas Bedos… En sait-on plus sur les politiques quand on sait s’ils sont slip kangourou ou caleçon long ? Des décennies que les femmes journalistes tentent de s’imposer dans un monde masculin qui les cantonne à des rôles secondaires et voilà qu’en quelques heures d’antenne, la meilleure amie des cultivateurs d’endives nous réassigne au statut de séductrice, ne comprenant rien à la […]
Édito : Burkini, un drapeau ou un mouchoir de poche
L’intention est aussi importante pour juger l’acte que l’acte lui-même. Les personnes qui « proposent » aux femmes de se baigner habillées pendant que leurs maris offrent leurs torses bronzés au soleil sont des intégristes, comme celles qui apprennent aux fillettes « la pudeur » pendant que leurs frères déjeunent sans tee-shirt à la table familiale. Fils et filles de l’inquisition, ils sont d’un autre âge, celui qui a vu brûler Jeanne d’Arc. Dans ce pays, le clivage droite-gauche est devenu un mode de pensée qui semble exonérer les politiques de toute forme de réflexion et de proposition. Il n’y a pas un mot que j’exècre plus que le mot STIGMATISATION, ce mot déposé par les intégristes dans les bouches des intellectuel.le.s de la gauche radicale pour les paralyser ; ce mot qui, une fois prononcé, menace ceux qui en sont la cible de tous les « ismes », racisme, colonialisme, orientalisme… Les arrêtés contre des femmes en burkini étaient une mauvaise réponse, une réponse parfois violente à une question simple et juste : peut-on accepter dans notre pays un objet incompatible avec les valeurs de la République, un vêtement politique qui rappelle aux femmes qu’elles doivent rester invisibles ? Un vêtement qui ne parle pas […]