Édito : L’orgueil des hommes, la colère des femmes

Nous les femmes n’avons jamais rien eu à attendre des hommes. Tout ce que nous avons obtenu, nous l’avons gagné de haute lutte sans rien concéder. Mais voilà pourtant que notre sort à gauche est entre les mains de Ben l’Oncle Soce et Fidel Jean-Luc, deux machos à l’ego surdimensionné qui jouent avec nos vies, nous les femmes. Ensemble, ils seraient quelqu’un. Seuls, ils ne seront plus personne. En face d’eux, le fascisme et la vermine réactionnaire nous guettent du coin de l’œil, attendant leur heure, l’heure où tous deux riront du pauvre sort qui nous sera fait, à nous les femmes. S’ils sortaient du bois, fini alors l’arrogance des féministes, le vent de liberté ; retour au bercail, nappe Vichy et tablier bleu marine.

Et pendant ce temps, à gauche, nos deux compères continuent de se demander qui pisse le plus loin. Quand cette gauche s’écrit au masculin, elle nous fait prendre des risques majeurs, à nous les femmes. Comment avons-nous pu laisser notre sort entre les mains de deux petits gars aux ambitions meurtrières ? Si nous pouvions retourner en arrière… Et nous voilà, nous les femmes, otages d’une situation qui peut nous coûter cher. Chaque minute qui passe nous rapproche de notre ancestrale condition de mère, d’épouse, telle Pénélope attendant son mari, le regard pointé au loin vers l’horizon.

Dans ces pages, dans le cadre de l’élection présidentielle, nous avons interrogé depuis quatre numéros des femmes politiques de conviction. Nous l’avons fait avec l’audace de croire que chacune donnerait de la force à un projet capable de battre les réacs qui pourrissent nos vies. Et si Marie-George, Michèle et Laurence se mettaient autour de la table pour dessiner nos vies et notre avenir, ne croyez-vous pas qu’elles pourraient se mettre d’accord devant l’urgence de la situation? Peut-être les femmes savent-elles mieux que les hommes ce qu’elles ont à perdre ? Alors que ces messieurs peuvent depuis des siècles, se tenir dos à dos, s’apprêtant à compter leurs pas avant d’appuyer sur la gâchette dans un duel meurtrier. A-t-on jamais vu femmes assez stupides pour s’entretuer par orgueil ? À part peut-être Madame Le Pen…

Carine Delahaie

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