L’engagement et le militantisme font partie de l’héritage familial de cette canadienne de 45 ans : grands-parents marxistes, parents immigrés au Canada pour protester contre la guerre au Vietnam… Elle a quant à elle choisi le mouvement altermondialiste qui la « consacre » en 2000 suite à la parution de son essai No logo, devenu un best-seller mondial, où elle condamne notamment la mainmise des entreprises multinationales sur la vie des habitant-es de notre planète.
Le capitalisme détraque le temps
Son engagement pour la défense du climat est assez tardif, de son propre aveu. Sa prise de conscience remonte à sa rencontre, en avril 2009, avec Angelica Navarro Llanos, ambassadrice de la Bolivie, à qui incombait la lourde tâche de défendre les intérêts de son pays dans les négociations internationales sur le climat. Depuis, Naomi Klein a nettement rattrapé son retard et son récent ouvrage en est la preuve. Elle y explique, d’une manière accessible au plus grand nombre et sur la base de nombreuses recherches, les liens entre le capitalisme effréné actuel et le dérèglement climatique, renforçant les inégalités sociales et la vulnérabilité des plus faibles aux conséquences du réchauffement de la Terre. Elle détaille particulièrement les manœuvres et exactions des entreprises du lobby des énergies fossiles grâce aux sommes d’argent colossales dont elles disposent. Il faut dire que la journaliste est aux premières loges dans son pays pour constater les énormes dégâts causés par l’extraction des sables bitumeux, avec les encouragements du gouvernement conservateur…
Un autre monde est possible
Naomi Klein est cependant convaincue que la situation peut être inversée. Pour cela, il sera nécessaire de changer fondamentalement notre société mais, surtout et avant tout, notre système économique pour le mettre réellement au service des êtres humains dans leur ensemble (contre une très faible minorité actuellement) et de la planète qui nous fait vivre. Pour elle, lutte contre les inégalités de tout type et défense du climat vont de pair. Elle nous encourage à nous engager dans ce mouvement, nous rebeller, combattre le système néolibéral mortifère actuel, sans attendre les politiques dont une grande partie a intégré la «nécessité» des énergies fossiles pour l’économie et des cures d’austérité pour les finances publiques.
Ne jamais se décourager
Elle puise son optimisme dans plusieurs phénomènes qu’elle évoque dans son livre. Parmi eux, le développement de la Blocadie, « zone mouvante de conflits transnationaux qui surgit avec une fréquence et une intensité croissantes», dans toutes les régions du monde. Des groupes de personnes s’unissent afin de contrer des projets néfastes pour les habitant-es de la région concernée et pour l’environnement.
En France, les mobilisations de Notre-Dame-des-Landes ou de Roybon, des zones à défendre (ZAD), sont typiques de la Blocadie. L’aspect novateur et encourageant de ces luttes, selon Naomi Klein, réside dans le fait que les participant-es ont des profils variés. Il y a « beaucoup plus de gens ordinaires, typiques de l’endroit où ils vivent», qui veulent reprendre leur avenir en main. La journaliste militante estime que le combat contre le réchauffement climatique est de la même envergure que celui qui a été mené et gagné, au moins dans les lois de la majorité des pays, contre l’esclavage. À l’époque, les élites politiques et économiques avaient autant à perdre. « Les gens ont souvent l’impression qu’il est impossible de remporter la victoire lorsqu’il y a autant d’argent en jeu. La réponse que je donne dans le livre est que cela a été fait par le passé, et que nous pouvons le refaire.» Donc à nous de jouer !
Gwendoline Lefebvre
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