En rentrant chez moi, un soir de février à quelques jours du 8 mars, qui, je le rappelle pour les durs d’oreilles, est la Journée internationale des droits des femmes, je « tombe », trônant sur le panneau publicitaire d’un abri de bus, sur la dernière campagne de la marque Le temps des cerises, intitulée « Liberté, égalité, beau fessier » présentant les fesses d’une femme dans un jean de la marque. Même le 8 mars, rien ne nous abrite du sexisme le plus crasse.
C’est vrai que ce n’est pas comme si nous avions vécu une année de débats et d’actions après l’affaire Weinstein dénonçant l’impunité des agresseurs sexuels. Ce n’est pas comme si, depuis des années, nous nous époumonions à expliquer que les violences faites aux femmes sont un continuum qui s’épanouit dans la culture du viol, prend racine dans l’hypersexualisation des femmes et des filles en général, et parfois même des fillettes.
Plus ça change, plus c’est la même chose. Finalement, on n’a pas trouvé mieux pour vendre un jean que d’en faire une histoire de fesses. Attention à ne pas prendre certains désirs pour des réalités : la photo a été retouchée, c’est même écrit sur l’affiche. Au fond, ce ne sont pas nos fesses ou nos corps qui intéressent les publicitaires, mais l’idée que l’on s’en fait et qui est toujours la même. De #Metoo à la Ligue du LOL, même le 8 mars une femme reste un cul.
Carine Delahaie
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