Nombreux sont les enfants de la guerre dont le regard ne s’est jamais plus fixé sur l’immensité du ciel. Alors que cet espace bleu et nuageux est le plus souvent, pour les enfants, un terrain de jeu magnifique pour feutres et crayons, licornes et oiseaux de toutes les couleurs, les enfants de la guerre n’y voient qu’inquiétude, bruits de bombe, de métal et déflagration. Quand la peur vient du ciel, difficile d’envisager un avenir.
19 mars 2022, nous commémorons le 60e anniversaire du Cessez-le-feu en Algérie. Après une guerre qui aura duré huit longues années, les accords d’Évian venaient faire taire les armes avant l’indépendance de l’Algérie le 3 juillet 1962. Les conséquences de cette guerre qui ne voulait pas dire son nom ont été immenses et les blessures toujours à vif. Comme toutes les guerres, celle-ci aura traumatisé civils et militaires, victimes de violences, de la torture et de la disparition de proches. Comme toutes les guerres, elle aurait pu être évitée si l’on avait respecté le droit légitime des peuples à disposer d’eux-mêmes. Soixante ans plus tard, les bombes et les armes de poing s’abattent de nouveau sur un peuple pour le contraindre. Le ciel de l’Ukraine s’obscurcit chaque jour un peu plus, le gris du crayon mine recouvre les couleurs fragiles du bleu pastel ukrainien.
En 1946, Jacques Prévert, comme à son habitude avec ses mots simples et directs qui font de lui un grand poète populaire, tente de dénoncer les 165 bombardements qu’eut à subir la ville de Brest durant la Seconde Guerre mondiale. À travers son poème devenu célèbre, Barbara, il lançait cette phrase devenue le symbole des pacifistes : « Quelle connerie la guerre ! »
Nous dédions ce numéro aux enfants ukrainiens et russes, aux poètes russes et ukrainiens. Et que toutes et tous retrouvent leurs feutres et leurs mots pour dire la beauté du monde.
Carine Delahaie
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