Ainsi va la vie dans ce parfois triste monde. Alors que les Talibans entraient dans Kaboul faisant peser sur les Afghan.e.s et notamment les femmes la menace d’une violente répression, d’une vie sans liberté, nous apprenions que l’attaquant français du PSG, Kylian M’Bappé, pourrait être « vendu » d’ici quelques mois au Real Madrid pour la somme minimum de sa valeur marchande, soit 160 millions d’euros. Dans le même temps, les Talibans version 2021 n’hésiteront pas à « donner » des femmes à leurs combattants comme on « offre » des objets pour les récompenser. Les hommes valent cher quand les femmes ne valent rien. Jusque-là, pas d’effet papillon, rien ne semble corréler ces deux informations si ce n’est, à y regarder de plus près, la honte et le cynisme. Les Qataris sont bien à la manoeuvre dans les deux cas. Le président du PSG est Nasser al-Khelaïfi, milliardaire qatari nommé ministre sans portefeuille du gouvernement du Qatar en 2013 et donc proche du pouvoir. Ce même pouvoir est celui qui a accueilli et protégé à Doha le bureau politique des Talibans qui préparaient la prise de pouvoir du 15 août, dont l’un des fondateurs de l’organisation terroriste et actuel n°2 du pouvoir, Abdul Ghani Baradar. C’est à Doha que les clés de Kaboul ont été données par les Américains aux Talibans. Le sport et ses instances ne peuvent se cacher derrière une neutralité de pantin. Avec le PSG, l’organisation des grandes compétitions sportives internationales et les espaces publicitaires, le Qatar lève des fonds qui soutiennent des dictatures et participent à asservir les peuples, à violenter des femmes.
En 2022, la Coupe du monde de foot sera organisée… au Qatar. Dans ce pays dont le prince Joaan bin Hamad al-Thani a humilié des arbitres femmes en refusant de les saluer lors de la remise des médailles de la Coupe du monde des clubs en février 2021. La France doit clarifier ses positions. Le Qatar ne peut être un pays ami puisqu’il bafoue les droits des femmes, protègent des terroristes et fait de l’argent roi la règle. Nos valeurs valent mieux que leurs profits. N’avons-nous aucune conscience de cette réalité au moment d’acheter le maillot fétiche d’un tout nouveau joueur argentin du PSG à nos petit.e.s dernier.e.s ?
Quant aux athlètes français.e.s, ils n’ont rien à faire au Qatar dès lors qu’ils représentent notre pays et ce au risque que ce soit le rouge sang des femmes afghanes qui éclabousse bientôt leur maillot tricolore.
Carine Delahaie
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