Depuis des mois, des dizaines – peut-être des centaines – de milliers de patientes se plaignent de graves effets indésirables qu’elles imputent à la nouvelle formule du Lévothyrox. Face à des pouvoirs publics qui minimisent l’ampleur du phénomène, nombre d’entre elles s’organisent et réclament justice.
On peut dire que « l’affaire de la nouvelle formule du Lévothyrox » est un véritable scandale sanitaire d’ampleur. Quelques repères pour comprendre : la thyroïde, petite glande en forme de papillon située aux côtés de la trachée, secrète des hormones indispensables, régulatrices de nombreuses fonctions de notre organisme. Lorsque, pour différentes raisons, cette sécrétion est trop faible, il faut avoir recours à une hormone de synthèse compensatrice : la lévothyroxine. Le laboratoire allemand Merck propose depuis des années un médicament la contenant, le Lévothyrox. Trois millions de patient.e.s (à 80 % des femmes) y ont recours.
De graves effets inexpliqués
En 2012, après avoir constaté des irrégularités dans la quantité exacte de principe actif d’un lot de médicament à l’autre, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) avait demandé au laboratoire de revoir les conditions d’élaboration. Fin mars 2017, Merck commercialise une nouvelle formule du Lévothyrox, modifiant les excipients, garantissant qu’ainsi une teneur constante de la substance serait assurée. Cela sans au préalable une communication efficace auprès des médecins et des patient.e.s. Et là, de mois en mois, des effets graves se font jour : vertiges, nausées, céphalées, perte de cheveux, fatigue intense, crampes musculaires, pertes de mémoire, prise ou perte de poids, augmentation du rythme cardiaque… On parle même de décès imputables à cette nouvelle formule.
L’exigence de réponses
Très vite, une pétition en ligne rassemble plus de 300 000 signatures, des dizaines de milliers de signalements affluent, des patientes s’organisent en association. Mais ce profond mouvement de désarroi et de colère se heurte à la sous-estimation patente des pouvoirs publics et de nombreux médecins. L’ancienne formule du médicament est toujours produite et distribuée en Allemagne, Italie, Suisse, Espagne mais refusée aux patient.e.s français.e.s. Pire, elle est produite en France, à Bourgoin-Jallieu dans l’Isère… mais Merck la destine uniquement à l’Italie ! Pourquoi les autorités sanitaires françaises n’exigent-t-elles pas l’augmentation de cette production pour satisfaire le marché français ?
Fin janvier, l’ANSM a rendu son rapport : l’autorité de sécurité du médicament dédouane complètement le laboratoire Merck et reste toujours incapable d’expliquer l’ampleur et la gravité des effets indésirables rencontrés ! Aujourd’hui, l’exigence des patient.e.s porte sur une véritable étude scientifique expliquant les effets nocifs indiscutables de la nouvelle formule, le rétablissement de la distribution de l’ancienne formule et le souhait que le laboratoire assume ses responsabilités dans les préjudices causés aux victimes.
Françoise Maillard
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