Comment réagir à l’actualité, analyser l’actualité quand il n’y a plus d’actualité… Quand il n’y a plus qu’une seule actualité. Que tout tourne autour de la Covid-19, que nos peurs, nos joies, nos manques, nos vies en somme tournent autour du même sujet ? Quand faire deux phrases de suite sans en parler devient difficile. Je dédis ce numéro à toutes celles et tous ceux qui nous ont quittés trop tôt en un éclair, quel que soit leur âge. Et aussi aux femmes et aux enfants que le confinement a enfermés face à la violence quotidienne. Y penser reste intolérable.
Nous n’avions, comme toutes les autres rédactions, plus grand chose à dire en dehors de la crise sanitaire. Curieuse expérience. Alors nous l’avons menée jusqu’au bout. Chacun.e de nous a repris sa plume pour donner de la période sa vision, son point de vue, son image, librement, sans format préalable et sans savoir ce que serait ce journal. Notre ambition est qu’il donne à voir ce que nous sommes, ce que nous avons été : une rédaction plurielle et singulière. Je remercie tous mes petits camarades de la rédaction qui m’ont personnellement inspirée et mobilisée pour écrire dans cette période où la poésie était plus stimulante que l’écriture journalistique. Alors gageons que ce magazine soit un peu de pensée, un peu de style et un peu de poésie.
Dans ces mois sans repère, il nous a fallu nous décentrer pour trouver temporairement et peut-être définitivement pour certains et certaines un nouveau centre. Et puis il faudrait aussi parler de la sidération de ce passage. Il nous a laissés sans voix. Enfin il a dévoilé avec férocité le mal de ce siècle. Nous avons recommencé à vivre en ayant envie. L’envie d’un lendemain, d’un moment, l’envie de l’autre, l’envie d’un restaurant, d’une balade. Nous avons enfin rêvé.
Carine Delahaie
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