« Pas une seule personne n’a été traduite en justice pour esclavage sexuel », Nadia Murad, survivante yézidie qui a dénoncé les violences de l’État islamique sur son peuple, Prix Nobel de la paix.
« Qu’attend la communauté internationale pour rendre justice aux victimes ? », Denis Mukwege, médecin, Prix Nobel de la paix.
Le 23 avril dernier, Nadia Murad, survivante yézidie qui dénonce inlassablement les violences de l’État islamique sur son peuple, et Denis Mukwege, célèbre médecin qui prend en charge des survivantes de viols au Congo, tous deux Prix Nobel de la paix en 2018, ont dénoncé l’impunité dont bénéficient les auteurs de violences sexuelles en temps de conflit. Ils étaient invités à s’exprimer devant le Conseil de sécurité de l’ONU, actuellement présidé par l’Allemagne, qui proposait une résolution « courageuse » sur cette question. Devant le risque de veto des USA, la résolution a été vidée de tout son sens et notamment de toute terminologie faisant état de la santé relative aux « droits sexuels et reproductifs ». Cette mention, comme toute référence à la contraception ou à l’avortement, est systématiquement rejetée des négociations internationales par les USA depuis l’élection de Trump.
Évidemment, la demande de création systématique de tribunaux nationaux et internationaux pour juger les auteurs de viols comme arme de guerre est restée lettre morte malgré le cri d’alarme lancé par le médecin congolais, celui que l’on appelle « l’homme qui répare les femmes ».
La sécurité est, selon le dictionnaire, « cet état d’esprit confiant et tranquille d’une personne qui se croit, se sent à l’abri du danger, ou encore la situation tranquille qui résulte de l’absence réelle de danger ». Pensons-nous encore sérieusement que l’instance la plus prestigieuse de l’Organisation des Nations unies porte encore légitimement son nom ?
Carine Delahaie
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