Du 20 février au 1er mars 2020, Berlin accueillait le 70e anniversaire de la Berlinale, le festival international du cinéma en Allemagne. À cette occasion, Clara-magazine s’est rendu sur place pour le regarder avec les lunettes de l’égalité.
Elle est un festival majeur du cinéma international : moins glamour que les Oscars américains et plus progressiste que les César français, la Berlinale a célébré le 20 février 2020 son 70e anniversaire. Le festival est construit autour d’un équilibre complexe : un regard lucide sur l’histoire allemande avec une session historique qui aborde chaque année des éléments de l’histoire allemande des XXe et XXIe siècles ; un regard bienveillant sur les courts-métrages, une sélection officielle et un panorama international toujours passionnant. Le festival a fait, cette année en particulier, la part belle aux héroïnes de films et aux personnages LGBT.
Une programmation éclectique
Plusieurs films ont attiré l’attention de la rédaction cette année, en particulier My Salinger Year de Philippe Falardeau, cinéaste québécois, dans lequel Margaret Qualley interprète une jeune écrivaine en devenir travaillant dans la maison d’édition du célèbre et très secret JR Salinger. Sigourney Weaver y incarne une éditrice exigeante dans une époque en pleine transformation. Saluons également le premier film de la réalisatrice argentine Clarisa Navas qui réalise avec peu de moyens, dans son quartier populaire de la banlieue de Buenos Aires, une histoire d’amour entre deux jeunes femmes que tout semble opposer intitulée Las Mil y una. La diversité de ces histoires est un choix conscient dans la programmation du festival.
Un regard (pas seulement) statistique sur l’égalité
Depuis 2004, la Berlinale publie des statistiques sur le nombre de réalisatrices qui Delahaieont été retenues dans sa programmation. Cette année, les chiffres ont été complétés par des déclarations volontaires des équipes de production sur le nombre de femmes qui ont travaillé sur le film : 37,9 % des films projetés à la Berlinale en 2020 ont ainsi été réalisés par des femmes. Pour la section « Perspektive Deutsches Kino », qui met en valeur le cinéma allemand, 75 % des films présentés étaient l’oeuvre de réalisatrices. Parmi les dix-huit films dans la compétition, six étaient réalisés ou co-réalisés par des femmes.
Ces statistiques sont révélatrices, au-delà de la question numérique : l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes au cinéma est également la responsabilité des festivals, et lorsque l’égalité n’est pas atteinte, mesurer les écarts permet de s’interroger sur les bonnes pratiques à mener. En 2020, la nouvelle direction du festival est d’ailleurs paritaire, partagée entre Mariette Rissenbeek et Carlo Chatrian. Toutefois, seulement 31 % des 6 825 films qui candidataient à la Berlinale ont été réalisés par des femmes. Le simple fait de pouvoir le mesurer est révélateur : la réflexion autour de l’égalité n’est pas un phénomène culturel, mais bien le fruit d’une démarche consciente. Il ne faut surtout pas séparer l’artiste de l’oeuvre si l’on veut éviter de perpétuer l’invisibilisation persistante des professionnelles du cinéma.
Un Ours d’or d’honneur pour Dame Helen Mirren
Dame Helen Mirren, inoubliable interprète de la reine Elizabeth II dans le film The Queen de Stephen Frears, était à l’honneur de la 70e édition de la Berlinale où lui a été décerné un Ours d’or d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Incroyable ! Il est donc possible d’honorer dans des festivals internationaux des professionnel.le.s du cinéma n’ayant jamais été accusé.e.s de viol. Clara-magazine partage bien volontiers ce scoop avec l’Académie des César…
Gwendoline Coipeault et Carine Delahaie
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