Édito : Survivre pour vivre…

Elle s’appelle Ginette Kolinka, elle est une des dernières rescapées du camp d’Auschwitz-Birkenau, matricule 78599. Il s’appelle Elie Buzyn, il est un des derniers rescapés du camp d’Auschwitz-Birkenau, matricule 137572. En ce printemps 2019, elle publie Retour à Birkenau, il publie Ce que je voudrais transmettre, deux livres d’une importance majeure pour la période dans laquelle nous vivons après des élections européennes qui signent l’installation d’une nouvelle forme de fascisme sur notre continent. Deux livres qui permettaient à François Busnel de réunir ces deux personnalités, le 8 mai dernier, lors de son émission La grande librairie. À l’heure où chacun.e veut parler et penser pour les autres, Ginette Kolinka assure que son témoignage n’est pas infaillible, mais il est le reflet de son unique expérience. La littérature met en mots l’indicible, l’inaudible et offre un champ infini pour la pensée. De Primo Levi à Charlotte Delbo jusqu’aux derniers récits de Marceline Loridan-Ivens, Marie-José Chombart de Lauwe, Elie Buzin et Ginette Kolinka, la formule de Jorge Semprun « l’écriture ou la vie » prend tout son sens au fil des années. L’écriture est résilience pour celui qui écrit, pour celui qui lit. Ginette Kolinka et Elie Buzyn étaient condamnés à mourir […]

« Ensemble, nos voix sont plus fortes que le silence ! »

Le Mouvement des survivantes de viols et violences sexuelles en République démocratique du Congo a été créé en 2017 à Bukavu. Cette organisation compte aujourd’hui plus de 2000 femmes et 58 hommes sur le plan national. Son objectif principal est d’amener toutes les femmes et tous les hommes à briser le silence. Rencontre avec Tatiana Mukanire, coordinatrice nationale du Mouvement des survivant.e.s de viols et violences sexuelles. Pourquoi avoir créé ce mouvement de femmes ? Pendant trop longtemps, les survivantes ont été oubliées. On parlait en leur nom. Les gens disaient : « Vous parlez des survivantes, mais où sont-elles ? Elles ne parlent pas ? Existent–elles ? » Mais le problème était que les survivantes elles-mêmes n’arrivaient pas à parler. Il était important qu’elles puissent se prendre en charge, comprendre que ce qui leur était arrivé était bien cette réalité qui les poursuit au quotidien. Pendant un moment, il se disait dans le pays que les violences sexuelles étaient héréditaires puisque souvent les grands-mères, les mères et même les filles d’une même famille étaient violées. Il est donc important de briser ce silence. Notre défi est d’amener la personne à combattre ces violences. Les survivantes ne parlent pas car […]

Le rock comme fil d’Ariane

Sophie Rosemont est entrée dans le monde du rock comme autrice pour Le nouveau dictionnaire du rock de Michka Assayas. Journaliste pour Rolling stone, Les Inrocks ou Paris-Match, elle chronique aussi sur France culture pour « La dispute ». Elle signe Girls rock, un ouvrage à la playlist entièrement au féminin… Bonjour Sophie Rosemont, une question avant toutes les autres : qu’est-ce que le rock ? Une posture ou un genre musical ? Peut-être les deux ? Vous citez Dolly Parton ou Aretha Franklin dans ce livre comme des rockeuses, étonnant ? J’ai justement essayé d’éviter la posture. Ce n’est pas un dictionnaire, mais plutôt un ouvrage sélectif. Dans ce livre, je choisis qui je veux. Une Dolly Parton sur le plan musical a des côtés rock. Par certains arrangements, sur certains morceaux et des intonations de voix. En fait la Country, c’est avant tout de la guitare. Et au fond le rock, c’est quoi ? De l’audace, une musique de contestation. Au même titre que le hip hop. Tout le monde pense à une guitare électrique quand il pense rock. Mais pas seulement, une guitare sèche, un piano peut être rock ! D’où le choix de parler de Véronique […]