Édito : Maya est morte ce matin

Maya est morte ce matin. Je ne sais même pas si je peux être triste. La peine a-t-elle un sens ? La peine est ce sentiment qui laisse place à d’autres séquences émotionnelles. Le temps possède son propre pouvoir sur la douleur. Mais peut-on jamais faire le deuil de celles et ceux qui manqueront à leur siècle ? Elle gardait des heures sombres de l’occupation ce regard d’enfant cachée qui a une revanche à prendre sur les adultes. Il y a des étoiles jaunes qui restent cousues sur votre veste bien longtemps après que les fils en aient été disjoints. La judéité est une chaleur de l’enfance qui rappelle la main maternelle sur votre joue, la judéité est un parfum. Maya éprouvait une douleur sourde face à cette montée d’encre noire fraîche, face à l’odeur nauséabonde de l’antisémitisme ressurgissant de son passé, avec les peurs et les bruits de bottes en écho. Et puis le goût de la bile qui vous brûle quand, ces dernières années, sur l’autre front, dans la tranchée adverse, vous apercevez des anciennes sœurs d’armes, ces révolutionnaires de pacotille au rouge bruni, prêtes à tous les compromis. Jamais vraiment rassasiée, le bec ouvert à toute aventure […]

#stopvioldjibouti

Les femmes afars sont des Femen. Qui en doute  ne sait rien de ce qui fait le combat de ces femmes. Qui ne comprend pas ce pacte féministe, ne connaît pas cette douleur commune qui étreint les femmes depuis la nuit des temps, des premiers rayons  de leur vie jusqu’au rideau tombant sur leur crépuscule.  Il y a encore dix ans, les femmes afars, lionnes  de la corne de l’Afrique, vivaient le torse nu,  les hanches enrobées dans un pagne aux couleurs vives. Cette légèreté de mouvement cachait cependant les cicatrices des mutilations sexuelles pratiquées depuis des temps lointains sur leur corps, les réduisant à la douleur et la peur. La liberté n’est qu’apparente. Aujourd’hui, des conteneurs de tee-shirts leurs sont imposés par les riches pays du Golfe au nom de l’islam  contre quelques programmes d’éducation ou de santé.  Leur corps est une fois de plus l’enjeu d’une guerre de territoires qui commence par la confiscation  du droit fondamental à en disposer comme elles  le souhaitent. Comme si le poids du patriarcat  qui pèse sur elles ne suffisait pas à leur malheur,  les femmes afars de Djibouti* subissent depuis 1991 les viols massifs de l’armée gouvernementale  des dictatures successives, dont […]

Viols des femmes à Djibouti : l’arme de la répression

Confronté à une opposition civile et armée, le régime autoritaire du Président Ismaël Omar Guelleh utilise toutes les armes pour se maintenir au pouvoir. Parmi ces « armes », le viol de femmes et jeunes filles afars par ses forces armées et ses forces de l’ordre ne fait l’objet d’aucune poursuite judiciaire. Dix femmes de Djibouti, résidant en France et en Belgique, entament une grève de la faim, le 25 mars 2016, pour dénoncer l’impunité totale dont  bénéficient les soldats djiboutiens auteurs de viols contre des femmes afars, depuis 1993, dans le Nord et le Sud-Ouest de Djibouti. Depuis son indépendance, en 1977, Djibouti vit sous un régime autoritaire. En 1999, Ismaël Omar Guelleh a succédé à son oncle Hassan Gouled Aptidon. En avril 2011, il entamait son troisième mandat après une modification de la Constitution, très controversée selon l’opposition, l’autorisant à se présenter ad vitam aeternam, à l’instar d’un certain nombre de ses homologues africains. L’opposition djiboutienne, quant à elle, est bâillonnée. Toute contestation politique ou syndicale, toute forme d’expression médiatique « non conforme » aux desiderata du pouvoir font l’objet de poursuites et d’intimidations pouvant aller jusqu’à des emprisonnements arbitraires, des tortures, des menaces sur les proches, des saisies de biens… Malgré […]