Numéro 205 – Septembre 2024

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Pourquoi toujours payer le prix de la justice ?

Nous assistons ces dernières semaines à un procès dit « historique », le procès de Mazan, nom de la ville dans laquelle une femme, Gisèle Pelicot (71 ans), a été livrée en pâture par son mari à plus de cinquante hommes qui l’ont violée alors qu’elle était droguée. Il est important de rappeler que ce procès est celui de ces hommes et non celui de Gisèle Pelicot qui, une fois de plus, aura entendu des mots très culpabilisants pour une femme victime de violences et notamment de violences sexuelles. Ce procès révèle, une fois de plus, la sororité du mouvement des femmes. Chaque jour, des femmes viennent acclamer Gisèle Pelicot pour son courage et pour avoir demandé la levée du huis-clos car la honte doit changer de camp. Ce procès révèle également combien les auteurs sont dans une démarche collective depuis les violences qu’ils ont perpétrées jusqu’à leur défense. Voilà que ces hommes qui ne se connaissaient pas il y a quelques semaines ont adopté sans se le dire la même stratégie de déni, d’inconscience de la réalité et de culpabilisation de la victime.

Procès historique comme…
– Le procès de Bobigny, en 1972, où une jeune fille, Marie-Claire Chevalier (16 ans), défendue par une jeune avocate Gisèle Halimi, était jugée pour avortement ainsi que quatre femmes majeures dont sa mère. Ce procès fut déterminant pour l’opinion publique dans l’obtention de la loi sur l’IVG de 1975.
– Le procès d’Aix, en 1978, où la même Gisèle Halimi défendait Anne Tonglet (19 ans) et Aracelli Castellane (24 ans) violées par trois hommes alors qu’elles faisaient du camping. Ce procès fut à l’origine de la première grande loi sur le viol en 1980.
– Le procès de Jacqueline Sauvage (64 ans) qui tua son mari après 41 années de violences, de viols et d’inceste sur ses filles. Puis vint la « grâce partielle » qu’elle obtint de François Hollande par la mobilisation d’un comité de soutien populaire et de personnalités. Ce procès révéla l’emprisonnement des femmes victimes de violences dans les quatre murs de leur domicile.

Les femmes, à tout âge, avec courage, font avancer les lois et rendent nos sociétés plus humaines pour toutes et tous. Jamais les hommes ne pourront donner autant que ce que donnent les femmes par leurs combats féministes. Mais jusqu’à quand devrons-nous payer de nos vies pour les changer, pour changer la vie ?

Carine Delahaie

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