Alors que j’apprenais la disparition de d’Anne Sylvestre, notre soeur Anne, je voulais entendre sa voix, pas seulement l’écouter chanter mais entendre réellement ses phrases, ses mots, ses silences. Je choisissais l’interview « sans concession » donnée ou plutôt offerte à Laure Adler lors d’une Heure bleue. Et la journaliste un rien badine et ironique, de féministe à féministe, de lui dire : « Vous ne devez pas être une fille facile ? » et Anne Sylvestre, donnant de la profondeur à sa voix, de lui répondre : « Je n’aurais pas fait ce métier et je serais morte depuis longtemps si je ne m’étais pas défendue. » Quelques jours plus tard, alors que je décidais de rendre un hommage mérité à Nelly Kaplan, réalisatrice du film culte La fiancée du pirate, j’écoutais de nombreuses interviews. Et, là encore, la réalisatrice rapportait les paroles de son père : « Tu ne peux pas continuer à vivre la vie que tu mènes… » et elle de continuer : « Je ne sais toujours pas quelle vie je menais mais il paraît que j’étais une révoltée. Il m’a dit : “ Ou tu changes ou tu t’en vas.” » Encore une fois une fille pas facile. Enfin, je croisais le destin de […]
Étiquette : Numéro 183 – Mars 2021
Black et women empowerment par la pop culture
Enseignante, journaliste spécialisée dans le rock et la pop culture, enseignante de littérature à l’annexe française de l’université Columbia, Sophie Rosemont signe un livre qui fait date en France : Black Power, l’avènement de la pop culture noire américaine. Son dernier ouvrage Girls Rock avait donné un coup d’éclairage nécessaire et salutaire sur la place des femmes dans le rock. Elle revient avec Black Power, l’avènement de la pop culture noire américaine, un ouvrage documenté, universitaire, sur l’empowerment des artistes de la pop culture noire américaine et particulièrement des femmes. Entretien. Vous expliquez avoir commencé ce livre avant le meurtre de George Floyd, mais comment est-il né ? En fait, je m’intéresse à la pop culture depuis très longtemps en parallèle à mon travail sur le rock et notamment les femmes dans le rock. J’étudie et enseigne la littérature noire américaine avec des autrices comme Toni Morrison. Avec l’écriture de Girls rock, j’ai répertorié des artistes qui pouvaient rentrer dans une livre sur la pop culture noire américaine comme Rosetta Tharpe. Et puis, il y a quelques années, j’ai travaillé sur le black empowerment, me rendant compte qu’il se féminisait avec notamment des artistes comme Beyonce. Comment avez-vous travaillé ? […]
Et l’évolution créa la femme
La domination masculine est parfois présentée comme un fait naturel qui viendrait de notre évolution et/ou de notre famille : les primates. Qu’en est-il réellement ? Le paléoanthropologue et maître de conférences au Collège de France Pascal Picq tente de répondre dans son dernière ouvrage Et l’évolution créa la femme. Il y compare de façon inédite notre espèce à nos cousins les singes. Entretien. Dans la recherche sur l’origine des discriminations et de la coercition masculine, votre ouvrage est le premier à établir un comparatif avec nos cousins les primates. Comment l’expliquez-vous ? Nous sommes complètement bloqués sur l’idée que toutes les recherches sur notre espèce ne peuvent être axées que sur l’humain, nous n’avons pas à aller chercher ce qui se passe chez les singes et les grands singes pour comprendre notre espèce. Pour des raisons liées à notre culture en France, à notre postulat cartésien qui dirait que « l’homme n’a rien à voir avec les autres espèces », à notre dualisme entre l’homme et l’animal, entre l’inné et l’acquis, entre la culture et la nature, nous n’avons pas de grande école sur la primatologie et l’éthologie constituée, contrairement aux pays anglo-saxons et germanophones. Cela ne veut pas […]
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.