Échapper au pire nous condamne-t-il toujours à combattre le « meilleur » ? 20h01, le 7 mai, Emmanuel Macron est élu Président de la République. Mon coeur se desserre d’un coup. Le garrot du fascisme vient de lâcher, le sang réintègre chacun de mes membres exsangues. Je ne pensais pas que la promesse libérale puisse agir sur moi comme un puissant décontractant musculaire. Mon corps se rappelle à moi et la sensation d’apesanteur n’est pas longue, la réalité revient doucement me plomber. La présidentielle m’a laissée KO. Mais promis, cette fois je me tais. Je ne dis rien de ce que je pense. Je ne vous dis rien de ce qui m’accable. Je ne vous dis pas tout ce qui passe dans ma tête libérée. Je ne vous dis pas ma nausée quand je pense que plus de 900 000 filles sont violées chaque année et que la question des violences sexuelles sur les enfants et les femmes n’a même pas été mentionnée dans les débats télévisés durant les élections. Je ne vous dis pas que je ne comprends pas que le front républicain n’ait pas été unanime pour repousser Marine Le Pen aux confins de la démocratie en dessous de la barre des 20 %. Je ne vous dis pas que […]
Étiquette : Numéro 161 – mai/juin 2017
Rayhana : « À mon âge, je me cache encore pour fumer »
Créée en 2009 à la Maison des métallos à Paris, puis présentée en tournée en France jusqu’à ce jour, la pièce de Rayhana, dramaturge et comédienne, sort aujourd’hui sur grand écran, sous sa direction. Une adaptation qu’elle mène avec détermination. Une première réalisation salutaire. Entretien. Pouvez-vous nous dire comment s’est fait le passage des planches au cinéma ? Lorsque ma pièce de théâtre fut jouée à Paris, la productrice Michèle Ray-Gavras et le réalisateur Costa-Gavras étaient venus. Ils m’attendaient à la fin de la représentation. Tout de suite, la productrice m’a proposé que cette pièce devienne un film. Elle m’en donnait le courage, moi qui n’avais jamais réalisé, mais pour elle c’était moi qui devait le faire. « Cette histoire doit être portée au cinéma », disait-elle avec insistance. Il aura fallu plus de trois ans pour que le film naisse. Je n’avais pas la technique mais l’adaptation, la réécriture ne m’ont pas posé de difficultés. Mais si la pièce de théâtre était en français, je tenais à ce que le film soit en langue arabe. Je voulais restituer cette oralité de l’arabe dialectal populaire. Comment retrouver au cinéma l’authenticité de la parole si forte dans votre pièce de théâtre ? Le film, comme […]
Flavie Flament : « J’ai voulu faire connaître le sentiment de solitude et d’abandon qui étreint des victimes de viol dont les faits sont prescrits »
Quelle a été votre réaction lorsque Madame la ministre, Laurence Rossignol, vous a confié le pilotage avec Monsieur Jacques Calmettes de la mission de consensus sur le délai de prescription applicable aux crimes sexuels commis sur les mineur.e.s ? Honorée, j’y ai surtout immédiatement vu une formidable occasion de faire entendre la voix des victimes dans un débat qui les concerne en premier lieu et dont elles sont injustement tenues à l’écart. Après m’être assurée qu’elles auraient une place « d’expertes » au même titre que les législateurs ou les psychiatres, je n’ai pas hésité une seconde. Comment le travail de la mission s’est-il organisé ? L’équipe de la mission s’est constituée avec notamment le concours précieux d’Elisabeth Moiraud-Bron, secrétaire générale de la MIPROF. Nous avons organisé une série de tables rondes que nous tenions à décloisonner. Bien souvent, ceux qui ont un avis sur cette question ne se fréquentent pas. Nous les avons mis en présence pour une meilleure écoute. Ainsi, une victime pouvait débattre avec le législateur, un neurologue exposer ses derniers travaux à un magistrat. C’est passionnant, émouvant, déstabilisant. À l’issue de toutes ces auditions, l’équipe de la mission s’est réunie pour s’entendre et établir une liste de recommandations. […]
Vous devez être connecté pour poster un commentaire.