Édito : Burkini, un drapeau ou un mouchoir de poche

L’intention est aussi importante pour juger l’acte que l’acte lui-même. Les personnes qui « proposent » aux femmes de se baigner habillées pendant que leurs maris offrent leurs torses bronzés au soleil sont des intégristes, comme celles qui apprennent aux fillettes « la pudeur » pendant que leurs frères déjeunent sans tee-shirt à la table familiale. Fils et filles de l’inquisition, ils sont d’un autre âge, celui qui a vu brûler Jeanne d’Arc. Dans ce pays, le clivage droite-gauche est devenu un mode de pensée qui semble exonérer les politiques de toute forme de réflexion et de proposition. Il n’y a pas un mot que j’exècre plus que le mot STIGMATISATION, ce mot déposé par les intégristes dans les bouches des intellectuel.le.s de la gauche radicale pour les paralyser ; ce mot qui, une fois prononcé, menace ceux qui en sont la cible de tous les « ismes », racisme, colonialisme, orientalisme… Les arrêtés contre des femmes en burkini étaient une mauvaise réponse, une réponse parfois violente à une question simple et juste : peut-on accepter dans notre pays un objet incompatible avec les valeurs de la République, un vêtement politique qui rappelle aux femmes qu’elles doivent rester invisibles ? Un vêtement qui ne parle pas […]

« Nous sommes dans le déni d’un droit fondamental qui empêche l’accès à tous les autres droits »

Les féministes ont agi pendant des décennies pour obtenir de nouveaux droits pour les femmes. Une question est passée à travers toutes les revendications et les avancées : des millions de femmes naissent, vivent et demeurent sans papiers d’état civil donc sans espoir d’autonomie et d’émancipation. Rencontre avec Michèle Vianès qui, depuis plusieurs années, a fait de cette question la pierre angulaire de son combat féministe. Comment vous êtes-vous intéressée à cette question ? Lors d’une rencontre à la Commission sur le statut des femmes à l’Onu avec le ministère des Affaires étrangères et notamment avec Cécile Sportis, une question a été posée sur la non-déclaration des enfants dans le monde. J’ai inscrit ceci dans un coin de ma tête et puis à mon retour je l’ai étudié de plus près et notamment une étude de l’Unicef sortie en 2013. J’y ai appris qu’une des grandes injustices pour beaucoup de femmes dans le monde est qu’elles ne peuvent pas déclarer la naissance de leur enfant. Parallèlement, lors de déplacements que j’ai faits en Amérique centrale sur les violences envers les femmes, j’ai rencontré des femmes du Costa Rica qui disaient que, dans leur pays, depuis qu’une loi contraignait les pères à reconnaître […]

Place aux super-héroïnes !

Les super-héros sont dans l’air du temps : les films sur Iron Man, Batman ou les Avengers se succèdent et une exposition Marvel se tient jusqu’au 25 septembre à La Défense à Paris. Les films, comme l’exposition, touchent un public très large et pourtant une question subsiste : où sont les femmes ? Depuis 2008, les super-héros ont reconquis les salles de cinéma : au moment où nous publions, il y a eu en tout seize films de super-héros en huit ans, tous issus des maisons de production Marvel ou DC Comics. Ces films avaient tous un point commun : le personnage principal était un homme. Marginalement, un personnage féminin était inséré dans une équipe masculine. Pourquoi de telles disparités ? Un profil idéal Dans une époque marquée par les affrontements en tous genres, nous avons soif de figures à admirer et les super-héros ont le profil idéal. Typiquement, un super-héros a été profondément marqué par un drame : l’assassinat de ses parents (Batman), la destruction de sa planète d’origine (Superman), un kidnapping dans l’enfance (la Veuve noire) ou une modification de son corps par une substance : Spiderman, Hulk, la Sorcière rouge, Daredevil… Une profonde évolution de la vie du héros vient de […]