Lors de son concert à Paris, Agnès Jaoui, invitée de ce numéro, chantait Todo cambia de la grande chanteuse argentine Mercedes Sosa. La réécoutant sur un site bien connu de musique en ligne, je découvrais que l’auteur de cette chanson n’était autre que Julio Numhauser lui-même créateur du groupe Quilapayùn, interprète du célèbre El pueblo unido jamas sera vencido. Alors que la nuit tombait sur notre capitale, je succombais à la tentation de réécouter ce titre devenu l’hymne du peuple chilien face à la dictature Pinochet. Mais je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans… Alors, moi-même enfant, j’étais fort impressionnée par ces hommes aux voix profondes, semblant porter à eux seuls toute l’espérance et la détermination des peuples d’Amérique latine en proie à des dictatures sanglantes et féroces. Cette chanson, El pueblo unido jamas sera vencido, porte en elle l’idée forte qu’une somme d’individualités peut faire basculer le pire des régimes. Puis je me dis que nous avions peut être trop vite oublié, peuple sans mémoire que nous sommes, oublié qu’en d’autres époques, des femmes, des hommes n’ont pas douté de leur propre capacité à changer la destinée de leur pays, malgré la peur, le terrorisme […]
Étiquette : Numéro 153 – janvier/février 2016
Agnès Jaoui, latine et engagée
Depuis presque vingt ans, Agnès Jaoui revisite la musique latine. 20 novembre 2015, après avoir traversé un Paris quasi silencieux, peinant à sortir de sa torpeur, nous nous sommes retrouvé.e.s humaines au Théâtre Antoine, avec cette artiste d’une grande humanité, pour écouter son album Nostalgias prendre forme. Agnès Jaoui a définitivement le goût des autres et le goût des peuples du grand sud. Quelques jours après son concert parisien, je retrouve Agnès Jaoui dans un restaurant de la capitale pour une interview. La conversation est facile, l’artiste ne cherche pas à convaincre mais à partager. Une voix bluffante, une proposition artistique audacieuse (Fairuz, Rossini…), des musiciens libres, son concert m’a portée quelques jours encore après que la lumière se soit rallumée. Un moment de grâce suspendu dans une période de douleur nationale. Vous avez rencontré la musique cubaine, il y a vingt ans, un peu par hasard lors d’un voyage. Qu’avez-vous trouvé en Amérique latine ? J’y ai retrouvé la Tunisie de l’enfance de mes parents, les gens qui jouent aux cartes dehors devant les portes, un rapport aux autres loin des codes parisiens où les gens sont sur la défensive. Là-bas, les gens ne sont jamais sur la retenue. […]
La communication doit se conjuguer au féminin
Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes vient de publier le Guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe : un outil indispensable, salutaire et décoiffant ! Mais là comme ailleurs, les stéréotypes se développent de façon inconsciente si l’on n’y prend pas garde avec pour conséquence la sous-représentation des femmes, leur enfermement dans des rôles et situations limités, l’usage dominant du masculin dans la rédaction. Le Haut Conseil à l’égalité a pris le problème à bras-le-corps estimant que, pour renverser la tendance, l’État, les grandes institutions et les collectivités territoriales se doivent d’être exemplaires. Pour y parvenir, il a décidé de mettre à leur disposition un guide conseil sur toutes les problématiques de la communication. Un outil innovant Fruit d’un travail approfondi avec des linguistes, des professionnels de la communication et des fonctionnaires, ce guide n’esquive aucune question et casse un à un tous les échappatoires tentant de justifier la place dominante du masculin : non, le masculin n’est pas l’expression du neutre ; en français, le neutre n’existe pas, les mots sont soit masculins, soit féminins. Non, la visibilité des femmes n’alourdit pas le texte. Il faut en finir avec les expressions […]
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