Édito : Survivre pour vivre…

Elle s’appelle Ginette Kolinka, elle est une des dernières rescapées du camp d’Auschwitz-Birkenau, matricule 78599. Il s’appelle Elie Buzyn, il est un des derniers rescapés du camp d’Auschwitz-Birkenau, matricule 137572. En ce printemps 2019, elle publie Retour à Birkenau, il publie Ce que je voudrais transmettre, deux livres d’une importance majeure pour la période dans laquelle nous vivons après des élections européennes qui signent l’installation d’une nouvelle forme de fascisme sur notre continent. Deux livres qui permettaient à François Busnel de réunir ces deux personnalités, le 8 mai dernier, lors de son émission La grande librairie. À l’heure où chacun.e veut parler et penser pour les autres, Ginette Kolinka assure que son témoignage n’est pas infaillible, mais il est le reflet de son unique expérience. La littérature met en mots l’indicible, l’inaudible et offre un champ infini pour la pensée. De Primo Levi à Charlotte Delbo jusqu’aux derniers récits de Marceline Loridan-Ivens, Marie-José Chombart de Lauwe, Elie Buzin et Ginette Kolinka, la formule de Jorge Semprun « l’écriture ou la vie » prend tout son sens au fil des années. L’écriture est résilience pour celui qui écrit, pour celui qui lit.

Ginette Kolinka et Elie Buzyn étaient condamnés à mourir à Auschwitz-Birkenau comme les six millions de juifs d’Europe assassinés par les nazis. Mais ils ont survécu puis ils ont vécu. Une génération plus tard, leurs enfants au-delà des opinions et des goûts musicaux ont participé à faire de la France un pays où l’on pense et où l’on rêve. L’une est devenue médecin puis ministre, l’autre est un grand batteur de rock. Soigner et jouer, survivre et vivre, y a-t-il plus belle revanche sur la barbarie nazie ?

Carine Delahaie

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