Édito : Pisser en public… cet acte violent et sexiste

Le 28 février, sept FEMEN étaient définitivement relaxées des accusations d’exhibition sexuelle après avoir utilisé leur torse nu dans des manifestations publiques pour protester contre les violences faites aux femmes. Cette décision met fin à dix années d’un combat féministe acharné contre l’hyper sexualisation du corps des femmes qui nous réduit à des objets sexuels sans nous autoriser à utiliser nos corps pour revendiquer et donc être à égalité avec les hommes. Voilà des siècles que nous supportons chaque été les hommes torse nu afin qu’ils soient plus à leur aise et que la soi-disant décence nous l’interdit en ville. La pudeur ne se décrète pourtant pas, elle se choisit, c’est une décision de l’intime, elle résulte d’un choix individuel dans le respect de la loi. Et la question vient d’être tranchée par la justice. Montrer son torse dans l’espace public n’est plus du registre de l’exhibition ni de la délinquance sexuelle pour les femmes. Nos corps nous appartiennent, aussi.

Hier matin, comme plusieurs fois par semaine, j’ai vu un homme uriner sur la voiture devant moi, ce qui est interdit et proprement… dégueulasse. 14h, parking public, deux jeunes hommes vidaient joyeusement leur vessie dans un recoin. Ce matin, en arrivant au journal, un autre terminait son ouvrage dans la cour pavée, se pensant à l’abri. Envers chacun d’eux, j’exprime ma colère, mon dégoût et toujours la même réponse : désolé, on avait envie. Outre la nausée permanente face aux odeurs d’urine mâle qui montent d’un peu partout, je veux dire à ces hommes qu’il faut qu’ils changent. Nous ne pourrons pas le faire à leur place. J’appelle à la verbalisation des pisseurs… car cet acte est sexiste et violent. Depuis la nuit des temps, les hommes déversent leur trop plein de bière, de frustration et de colère dans l’espace public et sur le corps des femmes. Cela procède de la même morbide dynamique, le monde appartient au patriarcat.

J’ai vu plus de sexes et de braguettes d’hommes depuis ma naissance que je ne verrai sans doute de torses de femmes revendiquant dans les rues et pourtant aucun de ces messieurs n’est jamais passé au tribunal. Il faut que ça change.

Carine Delahaie

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