Édito : 1 contre 7,7 millions

Je suis toujours méfiante à l’égard des personnes qui me disent qu’elles préfèrent « s’occuper des humains plutôt que des animaux parce qu’il y a tant de personnes et d’enfants malheureux… » Je suis d’autant plus méfiante que ces mêmes personnes n’ont majoritairement pas plus de respect pour les femmes, leurs droits, ou les enfants que pour leur chien, leur chienne. Je suis aujourd’hui persuadée que les violences sont un continuum plus vaste encore que ce que l’on avait imaginé. Celui qui dominera son « clébard » n’aura pas plus de scrupules à dresser son enfant, à dominer sa femme, par la seule légitimité que sa force physique le lui permet. Inversement, j’ai souvent expliqué aux enfants lors d’interventions que notre première responsabilité est de ne pas violenter celui qui est plus vulnérable que soi et pour quelque raison que ce soit. Comme le dit plus virilement que moi Spiderman, « de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités ».

Ainsi, au coeur de cette crise du coronavirus, une information présentée sous le prisme de la sécurité sanitaire n’a malheureusement occasionné aucune polémique. Le Danemark a exterminé 17 millions de visons dans un élevage pour fourrures, les a entassés à la hâte dans un énorme charnier qui est en train de polluer un lac tout proche. La France n’en aurait euthanasié que 1000… Ouf !

Il y aurait 7,7 millions d’espèces animales sur notre planète, les scientifiques admettent n’en avoir découvert qu’à peine 1,25 millions. Une seule espèce, la nôtre, se permet de tuer 17 millions de « spécimens » d’une autre espèce parce qu’il y a un risque de contamination (deux mutations du virus, douze personnes contaminées et une potentielle reprise de l’épidémie en Europe) mais personne ne semble s’être demandé comment nous pouvons encore produire des peaux à l’échelle industrielle en massacrant des millions de visons chaque année.

Les autorités ont « rassuré » les citoyen.ne.s : le risque est écarté. Moi, loin d’être rassurée, je me suis dit que tant que nous continuerons à penser que « la loi du plus fort est toujours la meilleure », nous ne pourrions envisager de sauver notre humanité et donc notre Humanité. Et dans ce grand naufrage, les femmes et les enfants d’abord…

Carine Delahaie

 

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